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Le Conseil constitutionnel a fortement impacté le futur de la réforme de la justice des mineurs en France en censurant six articles clés de la proposition de loi portée par l’ancien ministre Gabriel Attal. Adoptée au Parlement à la mi-mai dans le contexte d’un débat enflammé, cette loi visait à renforcer l’autorité de la justice face à la délinquance juvénile, notamment en modifiant le principe d’atténuation des peines pour les mineurs.
Une réforme contestée et partiellement annulée
Le cœur du dispositif ciblé par la décision du Conseil concerne principalement l’article 7, qui prévoyait de ne plus appliquer l’atténuation des peines pour les mineurs de plus de 16 ans, auteurs de faits graves ou récidivistes. La justice aurait ainsi eu la possibilité d’imposer des peines moins restrictives, avec obligation pour le juge de motiver toute dérogation. Selon l’institution, cette mesure contrevenait au principe constitutionnel selon lequel la responsabilité pénale des mineurs doit être atténuée en fonction de leur âge.
Par ailleurs, le Conseil a également censuré partiellement un autre article, celui introduisant une procédure de comparution immédiate pour les jeunes récidivistes à partir de 16 ans, estimant qu’elle contrevenait à la priorité donnée à l’éducatif sur le répressif pour les mineurs. La France, fidèle à l’esprit de l’ordonnance de 1945, privilégie en effet une justice adaptée à la personnalité en développement de l’enfant, avec un accent mis sur la rééducation.
En revanche, plusieurs autres dispositions ont été validées, notamment celles établissant une circonstance aggravante pour les parents qui soustrairaient leur enfant à leurs obligations légales, lorsque cela conduit l’enfant à commettre un délit ou un crime. Cette mesure a reçu l’approbation du Conseil, qui y voit une cohérence avec le principe de responsabilité parentale.
Un contexte législatif mouvementé
Les opposants à la loi, issus principalement de la gauche, ont saisi le Conseil constitutionnel, dénonçant un recul de la justice des mineurs en faveur d’une répression renforcée. Dans un contexte où les actes de délinquance juvénile suscitent une inquiétude croissante, cette décision vient fragiliser une réforme qui divisait déjà les opinions. Les députés de gauche notamment dénonçaient une mesure qui « priorise la répression sur l’éducation » au détriment du principe fondamental de la justice pour les mineurs.
Le gouvernement, soutenu par le ministre de la Justice Gérald Darmanin, maintenait pour sa part que cette loi renforçait l’autorité judiciaire face à une délinquance de plus en plus grave. Pourtant, cette censure marque un point d’arrêt dans le processus législatif, avec une certaine pression à revoir la proposition dans un souci de conformité constitutionnelle.
Une image illustrant le débat
Ce bras de fer entre volonté répressive et principes éducatifs illustre bien l’enjeu majeur de la politique pénale à l’égard des mineurs en France, où chaque changement législatif doit jongler entre la sécurité des citoyens et le respect des droits fondamentaux des jeunes délinquants.