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Les économistes Alain Grandjean et Christian de Perthuis s’expriment dans une tribune au sujet d’un vote controversé à l’Assemblée nationale, daté du 19 juin. Ce vote a introduit un moratoire sur les énergies renouvelables, en accord avec les positions du Rassemblement national.
Un moratoire inquiétant
Le vote a permis d’adopter un amendement imposant un moratoire sur l’instruction, l’autorisation et la mise en service de tout nouveau projet éolien ou photovoltaïque. Ce moment ne s’est pas déroulé dans un parlement d’un État républicain du Midwest, mais bien dans l’hémicycle du Palais Bourbon, avec une participation plutôt faible lors de ce scrutin.
Ce fait illustre l’influence croissante de l’extrême droite, dont les idées infiltrent de plus en plus la droite « républicaine ». L’amendement a été proposé par un député Les Républicains, s’inspirant directement des promesses électorales du Rassemblement national, et son adoption n’aurait pas été possible sans le soutien unanime de ce dernier.
Des implications à l’échelle européenne
Cette dynamique se retrouve également au sein du Parlement européen, où des votes visant à assouplir ou supprimer les régulations environnementales sont souvent adoptés par des coalitions réunissant le Parti populaire européen et divers partis d’extrême droite.
Le changement climatique est ainsi devenu un sujet de division qui oppose les acteurs politiques et leurs électeurs en deux camps. Ce clivage semble éloigner la France des consensus passés, tels que ceux du Grenelle de l’environnement en 2008, où 536 députés sur 551 présents avaient voté en faveur d’une loi environnementale.
Une déconnexion des données scientifiques
Cette polarisation a pour effet d’écarter les données scientifiques du débat public, privilégie les arguments idéologiques. Juste avant le vote sur le moratoire, un rapport d’une cinquantaine de scientifiques a été publié, actualisant les diagnostics sur le réchauffement climatique. Les résultats sont alarmants et soulignent l’urgence d’accélérer la décarbonation de nos économies. Pourtant, il est légitime de se demander combien de députés étaient au courant de ce document crucial.
Conséquences sur les objectifs climatiques
Si le moratoire est mis en œuvre, il risque de nous éloigner davantage de nos objectifs climatiques. En 2024, le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique a rapporté une diminution de 1,8 % des émissions de gaz à effet de serre, tandis qu’il faudrait réduire ces émissions de 5 % pour être en ligne avec les objectifs européens pour 2030. Les premières prévisions de l’Insee pour 2025 laissent à penser que cette baisse ne sera pas significativement accrue cette année, malgré un contexte industriel défavorable.