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La France met en garde Bruxelles contre un « passage en force » sur l’accord UE-Mercosur. En raison de l’accord entre l’UE et des pays sud-américains sur le Mercosur, la ministre française de l’Agriculture a haussé le ton contre la Commission européenne, l’accusant de vouloir imposer le texte sans une réelle consultation des États et des agriculteurs. Cependant, l’incertitude plane quant à la capacité de la France à bloquer cet accord commercial.
Des inquiétudes croissantes
La ministre a exprimé ses préoccupations jeudi, soulignant que « les inquiétudes sont vives car la Commission souhaite passer en force. C’est très grave. Les États n’ont pas été véritablement associés à la négociation. Les agriculteurs encore moins », a-t-elle déclaré aux côtés de son homologue polonais, Czesław Siekierski, qui partage ses inquiétudes.
Elle a ajouté : « Nous sommes rejoints dans notre combat par la Hongrie, l’Autriche, l’Irlande, les Pays-Bas, la Roumanie, l’Italie, qui ont fait part de leur forte préoccupation. Il faut que la Commission ait la majorité qualifiée pour pouvoir faire adopter ce texte. Ce n’est pas gagné », mentionnant également le soutien de la Belgique.
Une minorité de blocage incertaine
La minorité de blocage – au moins quatre États membres du Conseil, représentant plus de 35 % de la population de l’Union européenne – ne semble pas acquise à la ministre. Elle affirme depuis des semaines qu’elle est proche d’une telle majorité, mais reste « sûre de rien », tout en multipliant les démarches pour bloquer l’adoption du traité commercial avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
Elle a également évoqué la possibilité d’une déclaration commune avec le ministre italien ce vendredi à Rome, même si l’Italie n’a pas clairement indiqué sa position. Un responsable européen a déclaré que la « proposition pour une signature et une conclusion serait adoptée par la Commission avant la fin du mois » de juin.
Des menaces sur l’agriculture
Annie Genevard a mis en garde, disant que « si la Commission avait la tentation de passer rapidement et en force, elle nous trouvera sur son chemin », ajoutant que cela pourrait « remettre les agriculteurs dans la rue ». Elle a insisté sur le fait qu’une décision de la Commission sans majorité favorable n’aurait pas de sens.
Les implications pour la politique agricole commune
Le texte de l’accord prévoit que l’UE puisse exporter davantage de voitures, de machines ou de spiritueux, en échange d’une entrée facilitée de viande, sucre, riz, miel ou soja en provenance d’Amérique du Sud. Le commissaire européen à l’Agriculture, Christophe Hansen, a déclaré que les garanties pour protéger les agriculteurs d’une concurrence déloyale étaient suffisantes, rejetant l’idée d’un « protocole additionnel » proposé par le président Emmanuel Macron.
Mercredi, Annie Genevard a proposé aux 27 ministres de l’Agriculture d’introduire une « clause automatique » pour tous les traités de libre-échange concernant les « limites maximales de résidus » de pesticides dans les produits importés, afin de protéger le marché européen.
Elle a également critiqué les projets de la Commission sur la politique agricole commune (PAC), soulignant que la PAC est menacée dans son budget et son caractère commun, ce qui représente un véritable danger selon elle.