Home ActualitéBarak et Epstein : des emails révèlent une relation d’affaires

Barak et Epstein : des emails révèlent une relation d’affaires

by Sara
Israël, États-Unis

Des courriels divulgués montrent qu’Ehud Barak a entretenu une relation d’affaires étroite avec Jeffrey Epstein, évoquant des projets allant de drones solaires à la vente d’un empire pétrolier américain. Les échanges, couvrant 2013 à 2016, présentent Epstein comme conseiller financier, facilitateurn et interlocuteur fréquent du former Premier ministre israélien. Ce document synthétise les principaux éléments révélés par ces emails.

Un rôle multifacette pour Epstein

Les messages décrivent Epstein comme un acteur polyvalent dans l’entourage de Barak. Il agissait à la fois comme :

  • conseiller financier et négociateur,
  • facilitateur de rencontres avec des personnalités influentes,
  • hôte offrant un appartement à New York pour des réunions et l’écriture,
  • interlocuteur personnel, échangeant vœux et condoléances familiales.

Les courriels ont été publiés par le site Distributed Denial of Secrets après un vol attribué au groupe hacktiviste Handala, que les autorités canadiennes ont lié à des agences de renseignement iraniennes.

Promesses financières et négociations directes

Quelques mois après avoir quitté le poste de ministre de la Défense en 2013, Barak a reçu d’Epstein des promesses de gains importants. Dans un courriel daté du 20 septembre 2013, Epstein écrit qu’avec son implication « vous serez en mesure d’atteindre, pas tant mais au moins quelques centaines de millions de plus » et demande une offre ferme pour avancer.

Plus tard, Epstein a proposé un arrangement financier incluant un retenu annuel de 2 millions de dollars plus un pourcentage des profits, affirmant avoir déjà perçu au moins 5 millions de dollars. Les conditions réellement conclues, le cas échéant, restent floues.

Extrait d'un email entre Ehud Barak et Jeffrey Epstein

Investissement dans des drones solaires : Light & Strong

Barak a sollicité l’avis d’Epstein sur un projet israélien nommé Light & Strong, qui développait des drones solaires HALE (high-altitude, long endurance) sous l’initiative « Project Sun Spark ». L’entreprise visait à étendre la couverture mobile et internet grâce à ces drones, tout en proposant des capacités de renseignement et de surveillance.

Approché pour prendre la présidence et investir jusqu’à 1 million de dollars sur une valorisation pré-money de 13 millions, Barak a soumis le dossier à Epstein. Après examen, Epstein a rejeté l’opportunité avec des critiques sévères sur la qualité financière des documents fournis.

Light & Strong a finalement été acquise par un groupe aérospatial indien, selon la presse israélienne.

Photo de Jeffrey Epstein (dossier)

La vente proposée d’un empire pétrolier

Barak a été impliqué, en 2014, dans des pourparlers pour vendre la société pétrolière Gadeco LLC du magnat Jack Grynberg. Grynberg proposait une cession partielle de 25 % pour 400 millions de dollars, ou la totalité pour 1,6 milliard.

Barak accepta de jouer les intermédiaires contre une commission de 5 % et a contacté plusieurs candidats, dont des acteurs chinois, russes et des représentants d’investisseurs hongkongais. Les échanges montrent qu’Epstein a aussi aidé à approcher des cadres de Leon Black pour susciter de l’intérêt.

Après examen, Epstein a déconseillé vivement l’opération, qualifiant le dossier de « total waste of your time » et demandant à Barak de ne pas vendre « de la camelote ». Barak a informé Grynberg qu’il cessait son implication avant que des négociations ponctuelles ne reprennent puis n’aboutissent pas.

Rencontres, réseaux internationaux et tentatives de « backchannel »

Epstein a fréquemment orienté Barak vers des personnalités influentes ou s’est proposé de faire les présentations. Parmi les noms évoqués dans les échanges figurent :

  • Abdulla Yameen (ancien président des Maldives),
  • Nicolas Sarkozy (ancien président français),
  • Michael Bloomberg (alors maire de New York),
  • Larry Summers (ancien président de Harvard),
  • Peter Thiel (entrepreneur),
  • Noam Chomsky (intellectuel),
  • Woody Allen (réalisateur).

Un objectif particulier a été tenté en 2013 : convaincre Vladimir Poutine d’abandonner son soutien à Bachar al-Assad pour contribuer à la résolution du conflit syrien. Barak s’est rendu à Moscou en juin 2013 pour rencontrer Poutine, sans parvenir à infléchir sa position.

Vladimir Poutine lors d'un forum à Moscou

Levées de fonds, biotechnologie et introductions

Epstein a mis Barak en contact avec des acteurs du monde philanthropique et technologique. Par exemple, Barak a rencontré Boris Nikolic, alors conseiller science et technologie à la fondation Bill & Melinda Gates, pour discuter d’une start-up israélienne, Parasight (devenue Sight Diagnostics), qui développait un test sanguin pour le paludisme.

Nikolic a finalement décliné l’opportunité, indiquant que la fondation évitait alors les technologies « machine-based » à cause des difficultés de déploiement en zones reculées d’Afrique.

Barak a également exprimé un intérêt pour des entreprises israéliennes en cybersécurité, telles que Guardicore, proposant qu’Epstein fasse circuler des présentations auprès d’acteurs comme PayPal.

Ariane de Rothschild lors d'une conférence de presse

Hospitalité new-yorkaise et invitations sur l’île privée

Epstein a mis un appartement de Manhattan à la disposition de Barak, où ce dernier a travaillé à l’écriture de son autobiographie. Des messages montrent la gratitude de Barak et des détails logistiques, comme la livraison d’un piano.

Epstein a aussi invité Barak et son épouse à visiter sa résidence sur l’île privée Little St James dans les Caraïbes. Plusieurs itinéraires de voyage ont été échangés entre 2014 et 2015, mais certains déplacements semblent s’être annulés.

Extrait d'un email évoquant l'appartement new-yorkais
Vue aérienne de Little St James, île privée associée à Jeffrey Epstein

Question sur la connaissance des agissements d’Epstein et conséquences politiques

Dès 2015, la presse britannique a contacté Barak pour l’interroger sur d’éventuelles connaissances quant aux activités criminelles d’Epstein. Par l’intermédiaire de ses avocats, Barak a nié toute prise de conscience d’actes criminels impliquant des mineures.

Après l’arrestation d’Epstein en juillet 2019 sur des accusations de trafic sexuel, Barak a annoncé qu’il coupait tous liens avec lui. Un mois plus tard, Epstein est mort en détention à New York, décès déclaré comme un suicide.

La relation avec Epstein a pesé sur l’image de Barak et sur ses ambitions politiques : en septembre 2019, il n’a pas réussi à obtenir de siège à la Knesset lors d’une tentative de retour en politique.

Ehud Barak lors d'une déclaration en 2019

Portée des révélations

Les emails publiés offrent un aperçu détaillé de la porosité entre sphères publiques et privées autour d’Epstein. Ils documentent des tentatives d’affaires, des introductions à des élites mondiales et des échanges personnels qui ont durablement marqué la trajectoire politique et médiatique d’Ehud Barak.

Plusieurs des partenaires commerciaux évoqués n’ont pas répondu aux sollicitations pour commenter ces révélations. Barak lui-même n’a pas répondu aux demandes envoyées à son adresse personnelle, ni à celles adressées à ses avocats ou éditeurs.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/12/9/israels-ex-pm-ehud-barak-and-jeffrey-epstein-had-close-relationship-emails-reveal

You may also like

Leave a Comment