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Le conclave sur la réforme des retraites en France s’approche d’une étape cruciale, marquée par une impasse apparente entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Après plusieurs mois de négociations souvent houleuses, c’est la dernière ligne droite pour un accord, avec une réunion dite « de la dernière chance » prévue pour le 23 juin.
Un processus entamé sous haute tension
Initialement lancé en février, le processus devait se conclure en mai, mais les divergences importantes ont prolongé le dialogue jusqu’à mi-juin, laissant craindre un échec imminent. Les principaux acteurs, dont le Medef, la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, ainsi que la CPME, sont profondément divisés sur plusieurs points clés.
Le sujet central reste l’âge de départ à la retraite, fixé à 64 ans par la réforme de 2023. Le Medef, représentant le patronat, est fermement opposé à toute modification de ce seuil, tandis que les syndicats réclament une révision, notamment pour accélérer la prise en compte du pénible et favoriser un départ anticipé pour certains publics.
Les enjeux de la pénibilité et des carrières longues
Une des propositions majeures du médiateur, Jean-Jacques Marette, concerne la reconnaissance accrue de la pénibilité, en intégrant notamment des points pour les ports de charges lourdes, postures pénibles ou vibrations mécaniques. Ces points pourraient permettre aux salariés exposés à ces conditions de partir plus tôt voire de bénéficier de mesures de prévention ou de reconversion, sur le modèle du compte professionnel de prévention (C2P).
Ce volet, très attendu, divise encore. Le Medef reste inflexible, refusant l’idée d’un départ anticipé via ce mécanisme. En revanche, les négociations avancent sur les mesures en faveur des femmes, bénéficiant d’un calcul plus favorable pour leur retraite, avec une prise en compte des meilleures années de revenu et des majorations spécifiques pour celles ayant eu plusieurs enfants. La surcote parentale, qui incite à continuer à travailler après l’obtention des droits, est également maintenue.
Les reculs et compromis envisagés
Le compromis envisagé pourrait aussi inclure un départ à 66,5 ans sans décote, contre 67 actuellement, mais cela ne satisfait pas complètement la CFTC, qui réclamait au moins 66 ans. La question du dispositif « carrières longues » pourrait être également durcie, limitant les départs anticipés pour ceux ayant commencé à travailler très tôt, afin de faire face à la crise financière anticipée du régime.
Sur le plan financier, syndicats et patronat s’accordent sur la nécessité d’un équilibre pour 2030, avec des mesures telles qu’une hausse du taux de CSG pour financer le régime, ou encore une désindexation des pensions. Toutefois, la contribution des entreprises reste un point de discorde majeur, le patronat refusant d’augmenter ses contributions dans le contexte actuel.
Risques d’un échec et perspectives
Selon plusieurs intervenants, faute d’accord lors de cette réunion de la dernière chance, le gouvernement pourrait déposer une motion de censure, notamment si François Bayrou, en charge de la médiation, ne parvient pas à faire accepter un compromis acceptable. La tension est d’autant plus palpable que l’échéance approche et que la fronde sociale reste forte.