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Une tentative de coup d’État au Bénin a été rapidement contenue, selon la présidence qui affirme que des soldats loyalistes et la garde nationale ont repris le contrôle après une brève apparition d’un groupe militaire à la télévision d’État. L’incident a suscité inquiétude et interrogations sur la stabilité politique du pays, à dix mois du départ prévu du président Patrice Talon.
Ce qui s’est passé
Voici les éléments clés rapportés sur l’événement :
- Un groupe d’au moins huit soldats menés par le lieutenant-colonel Pascal Tigri est apparu à l’écran de la télévision d’État pour annoncer la chute du président Patrice Talon et la suspension des institutions.
- Les putschistes se sont présentés comme le « Comité militaire pour la refondation » (CMR) et ont affirmé la fermeture des frontières et la suspension de tous les partis politiques.
- Le signal de la télévision d’État a été coupé pendant quelques minutes, mais les autorités ont indiqué que l’accès à l’antenne avait été le seul point pris par les mutins.
Réactions officielles et situation sécuritaire
Les autorités ont rapidement minimisé l’ampleur de la prise de pouvoir :
- Le ministre des Affaires étrangères, Olushegun Adjadi Bakari, a déclaré à Reuters que la situation était « sous contrôle » et que la majeure partie de l’armée restait loyaliste.
- La présidence a confirmé que le président Patrice Talon était sain et sauf et que l’armée reprenait progressivement le terrain, en précisant que « c’est un petit groupe qui ne contrôle que la télévision ».
- L’ambassade de France a rapporté des tirs près du Camp Guézo, à proximité de la résidence officielle du président à Cotonou.
Constats sur le terrain
Des informations recueillies par des journalistes et agences de presse décrivent la situation suivante :
- Un journaliste de l’AFP à Cotonou a constaté des soldats bloquant l’accès à la présidence, à la télévision d’État, à un hôtel cinq étoiles et à des quartiers abritant des institutions internationales.
- L’aéroport et le reste de la ville n’affichaient pas de présence militaire généralisée, et la vie quotidienne semblait se poursuivre pour de nombreux habitants.
Contexte politique interne
Plusieurs facteurs internes expliquent, selon des observateurs, l’éruption de tensions :
- Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, doit quitter ses fonctions en avril prochain après dix ans de mandat.
- Adama Gaye, ancien directeur de la communication de la CEDEAO, a déclaré à Al Jazeera que cette tentative « ne surprend personne », évoquant une forte tension politique et de nombreuses arrestations de membres de l’opposition.
- Gaye affirme que M. Talon a affaibli des figures clés de l’opposition, dont l’ancien président Boni Yayi, et préparerait un transfert de pouvoir via le choix d’un ministre des Finances comme successeur après les élections.
Le phénomène des coups d’État en Afrique de l’Ouest
La tentative s’inscrit dans une série de renversements militaires récents sur le continent :
- En novembre 2025, des officiers ont pris le pouvoir en Guinée-Bissau lors d’un putsch militaire, avec la nomination du général Horta Inta-A à la tête d’un gouvernement de transition (voir le suivi : https://www.bbc.com/news/2025/11/27/guinea-bissau-military-appoints-general-as-transition-president-after-coup et https://www.bbc.com/news/2025/11/27/guinea-bissau-coup-what-happened-why-it-matters-what-happens-next).
- En 2023, le chef militaire Brice Oligui Nguema a destitué Ali Bongo Ondimba au Gabon (https://www.bbc.com/news/2023/8/30/a-coup-in-gabon-who-what-and-why) ; la famille Bongo avait exercé une influence dominante pendant des décennies (https://www.bbc.com/features/2023/8/26/one-family-has-led-gabon-for-56-years-can-this-election-bring-a-new-era).
- La même année, un coup d’État au Niger a renversé le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, entraînant l’installation d’un gouvernement militaire dirigé par Abdourahamane Tchiani (https://www.bbc.com/features/2024/7/26/a-year-after-nigers-coup-split-political-loyalties-test-family-ties).
- Les coups restants incluent le renversement au Burkina Faso en 2022 et la transition au Mali en 2020, illustrant une instabilité persistante dans la région.
Points à suivre
Les développements à court terme à surveiller sont :
- La confirmation officielle de la stabilisation complète par l’armée et la garde nationale.
- Les enquêtes sur les auteurs de la tentative et d’éventuelles arrestations.
- L’impact politique interne sur la transition prévue en avril et sur les partis d’opposition.