Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a déclaré que son homologue omanais, Badr al-Busaidi, a remis une proposition américaine concernant l’accord nucléaire lors d’une visite express à Téhéran samedi dernier. Cette proposition vise à relancer les négociations nucléaires entre l’Iran et les États-Unis après une période de stagnation.
Araqchi a précisé que l’Iran répondra à cette proposition américaine en tenant compte de ses principes, de ses intérêts nationaux et des droits de son peuple. Selon le site Axios, un responsable américain et une source proche des négociations ont indiqué que la proposition américaine cherche à dépasser le principal point de blocage, à savoir la demande iranienne de poursuivre l’enrichissement d’uranium sur son sol.
Dans ce cadre, Oman a suggéré la création d’une installation régionale d’enrichissement d’uranium placée sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et des États-Unis, proposition que Washington a adoptée.
Axios a également rapporté qu’un autre point à l’étude serait que cette installation commune d’enrichissement se trouve en dehors de l’Iran. Par ailleurs, une autre idée envisagée serait une reconnaissance par les États-Unis du droit de l’Iran à l’enrichissement de l’uranium, en échange de la suspension complète de cette activité par Téhéran.
De son côté, la Maison-Blanche a indiqué que Stephen Biegun, envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, a transmis à l’Iran une proposition détaillée et acceptable concernant l’accord nucléaire, soulignant que son acceptation serait dans l’intérêt de Téhéran.
Des sources informées citées par le New York Times ont précisé que le document américain remis à l’Iran consistait en une série de points résumés, et non un projet d’accord complet.
Lors de ces développements, Abbas Araqchi a insisté sur le fait que « l’arme nucléaire » reste inacceptable pour l’Iran, affirmant : « Si le problème est les armes nucléaires, oui, nous les considérons aussi comme inacceptables. Nous sommes d’accord avec les Américains sur ce point. »
Il a souligné que les discussions indirectes avec les États-Unis, menées sous médiation omanaise et comptant cinq rounds depuis avril, progressent malgré les divergences, tout en précisant que l’Iran n’est « pas confiante » quant à la conclusion d’un accord prochain, mais reste prête à poursuivre le dialogue.
Par ailleurs, le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, a indiqué que la demande de « zéro enrichissement » provient d’Israël et n’est pas soumise dans les négociations avec Washington. Il a rappelé que l’Iran cherche à développer ses capacités nucléaires pacifiques, notamment la production d’électricité et le traitement médical.
Eslami a annoncé que l’Iran dispose d’une centrale nucléaire à Bouchehr d’une capacité de 1000 mégawatts, qui a produit environ 7,3 milliards de kilowattheures d’électricité l’année dernière.
Rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique
Ces évolutions interviennent alors que les tensions augmentent entre l’Iran et l’AIEA, suite à la publication d’un rapport confidentiel pointant un manque de coopération de Téhéran concernant la présence de traces d’uranium dans plusieurs sites non déclarés comme nucléaires.
Ce rapport, rédigé à la demande du Conseil des gouverneurs de l’AIEA en novembre dernier, révèle que l’Iran a mené par le passé des activités nucléaires non déclarées sur trois sites encore sous enquête, ainsi que sur d’autres sites potentiels. Ce qu’il qualifie de « programme nucléaire organisé non déclaré » aurait perduré jusqu’au début des années 2000.
Le document précise que l’Iran a augmenté la production d’uranium enrichi à 60 %, avec un stock estimé à 409 kilogrammes, soit une hausse d’environ 49 % par rapport au précédent rapport de février. Cette quantité serait suffisante pour fabriquer une arme nucléaire si elle était enrichie à 90 %.
En outre, le rapport estime que le stock total d’uranium enrichi de l’Iran, toutes concentrations confondues, atteint 9247,6 kilogrammes, soit environ 45 fois la limite autorisée par l’accord nucléaire de 2015, qui fixe un plafond à 202,8 kilogrammes à 3,67 % d’enrichissement.
L’Iran a rejeté les conclusions du rapport du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, accusant l’Agence de céder à des pressions politiques et de propager de vieilles allégations fondées sur des informations provenant d’Israël.
Le ministère iranien des Affaires étrangères et l’Organisation de l’énergie atomique ont publié une déclaration commune exprimant leur regret quant à la publication de ce rapport, qu’ils qualifient de « politisé ». Ils ont affirmé que Téhéran a maintes fois confirmé l’absence de sites ou d’activités nucléaires non déclarés.
Le ministère a aussi estimé que le rapport repose sur des accusations portant sur des activités datant de plusieurs décennies et ne reflète pas le niveau réel de coopération iranienne avec l’AIEA.
Le communiqué a averti que l’Iran prendra les « mesures appropriées » en réponse à toute tentative de prise de mesures contre elle lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’Agence.
Abbas Araqchi a appelé Rafael Grossi à relayer les faits pour empêcher que certaines parties ne manipulent l’Agence à des fins politiques. Il a insisté sur le fait que toutes les activités nucléaires iraniennes se déroulent sous la supervision de l’AIEA et dans le cadre de l’accord de garanties, sans aucune déviation dans les matériaux ou activités nucléaires.
En réaction à ce rapport, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exhorté la communauté internationale à prendre des « mesures immédiates » pour arrêter le programme nucléaire iranien, affirmant que « le programme iranien n’est pas pacifique » et que « le niveau d’enrichissement atteint par l’Iran ne se justifie par aucune utilisation civile ».
Il a ajouté dans une déclaration officielle : « Ce rapport confirme ce que nous disons depuis des années : l’Iran est déterminée à acquérir l’arme nucléaire, il faut agir maintenant. »