Le président français Emmanuel Macron a averti que la France pourrait « appliquer des sanctions » contre Israël, à moins que le gouvernement de Tel Aviv ne réponde à la crise humanitaire à Gaza.
Lors d’une visite à Singapour vendredi, Macron a déclaré que la communauté internationale ne pouvait pas rester passive face à la grave crise alimentaire qui touche les Palestiniens de Gaza. Ces propos renforcent la pression internationale croissante sur Israël, qui maintient un blocus sur l’enclave palestinienne depuis près de trois mois, tandis que les agences humanitaires mettent en garde contre un risque de famine.
« Le blocus humanitaire crée une situation intenable sur le terrain », a affirmé Macron lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre singapourien Lawrence Wong.
« Si aucune réponse n’est apportée dans les heures et les jours à venir en adéquation avec la situation humanitaire, nous devrons durcir notre position collective », a-t-il ajouté, laissant entendre que la France pourrait envisager des sanctions contre les colons israéliens.
Israël a récemment indiqué qu’il cédait à la pression internationale en autorisant un approvisionnement « minimal » en nourriture et médicaments vers Gaza, où il poursuit une offensive militaire intense.
Cependant, le faible débit d’aide autorisé dans la bande de Gaza, contrôlée par une nouvelle ONG soutenue par Israël et les États-Unis, est accompagné de pillages et de violences.
Dans ses déclarations, Macron a appelé à ne plus supposer qu’Israël respecte les droits humains.
« Mais j’espère encore que le gouvernement israélien changera de position et que nous aurons enfin une réponse humanitaire », a-t-il ajouté.
Le président français a également souligné que la reconnaissance d’un État palestinien est « non seulement un devoir moral, mais une nécessité politique », tout en précisant que sa création devra être soumise à des conditions spécifiques.
Ces propos interviennent après une déclaration commune avec le président indonésien Prabowo Subianto, condamnant tout projet israélien de prendre le contrôle de Gaza ou d’en expulser sa population.
Paris espère ainsi créer une dynamique favorable à une reconnaissance conditionnelle de l’État palestinien, qui exigerait notamment la démilitarisation du Hamas.
Les autorités françaises étudient cette démarche avant une conférence des Nations unies que coorganiseront la France et l’Arabie saoudite du 17 au 20 juin. Ce rendez-vous doit définir les paramètres d’une feuille de route vers un État palestinien, tout en garantissant la sécurité d’Israël.
Cependant, certains diplomates et experts estiment que ces initiatives pourraient provoquer la colère d’Israël et accentuer les divisions au sein de l’Occident.
Une famine imminente
Malgré l’entrée progressive de l’aide humanitaire à Gaza suite au blocus israélien, la crise reste extrêmement grave. Les experts alertent qu’une personne sur cinq est menacée de famine imminente.
La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), initiative privée soutenue par les États-Unis et Israël, a étendu ses opérations de secours jeudi. Cependant, cette organisation est largement condamnée par l’ONU et d’autres agences pour être insuffisante, mal gérée et ne respectant pas les principes humanitaires.
Les centres GHF sont devenus des lieux de chaos, de violences et de désespoir, avec des scènes de désordre tout au long de la semaine alors que des foules affamées ont submergé les forces de sécurité aux points de distribution.
Des Palestiniens portent un homme blessé, touché par des tirs israéliens dans un centre de distribution d’aide dirigé par la Gaza Humanitarian Foundation, une organisation soutenue par les États-Unis et approuvée par Israël, à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le jeudi 29 mai 2025. (Abdel Kareem Hana/AP)
Un correspondant d’Al Jazeera à Gaza a rapporté vendredi que plusieurs personnes ont été blessées par des tirs de l’armée israélienne en plein centre de l’enclave alors qu’elles tentaient d’accéder à un point de distribution d’aide mis en place par la GHF.
L’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, a déclaré vendredi être prête à livrer des vivres, des kits d’hygiène et des aides médicales depuis ses entrepôts d’Amman, à quelques heures seulement de Gaza, si elle obtient l’accès.
Par ailleurs, les discussions sur un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le groupe palestinien armé Hamas se poursuivent, les États-Unis ayant présenté une nouvelle proposition.
Hamas a indiqué que la proposition est « toujours en discussion », mais telle qu’elle est formulée actuellement, elle ne conduirait qu’à la « continuation des tueries et de la famine » à Gaza.
Le président français Emmanuel Macron participe à une conférence de presse avec le Premier ministre singapourien Lawrence Wong à Singapour le 30 mai 2025. (Photo Ludovic Marin/AFP)