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Des équipes onusiennes ont pénétré à El Fasher, au nord du Darfour, pour la première fois depuis la prise de la ville par les forces de soutien rapide (RSF) en octobre dernier, et ont trouvé une cité « presque désertée », a indiqué l’ONU. Seuls quelques habitants subsistent dans des bâtiments abandonnés ou sous des bâches plastiques, selon le rapport des observateurs.
Une ville en ruines et des civils traumatisés
La coordinatrice humanitaire des Nations unies au Soudan, Denise Brown, a décrit des scènes de grande souffrance : des civils « blessés psychologiquement » vivent dans des conditions « humiliantes et dangereuses » après deux ans de conflit et la prise de contrôle de la ville par les RSF.
Autrefois peuplée d’environ un million d’habitants, El Fasher est devenue « l’ombre d’elle‑même » et, selon Brown, un « théâtre de crimes ». Beaucoup de résidents sont confinés dans des espaces précaires, sans approvisionnement en eau ni installations sanitaires.
Constats de la mission onusienne
La mission du bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a pu entrer à El Fasher après « des négociations difficiles » et effectuer une visite de quelques heures sans escorte militaire.
La délégation a inspecté plusieurs sites convenus avec les autorités locales, notamment l’hôpital dit « saoudien », des centres d’hébergement pour déplacés et cinq bureaux de l’ONU. Les équipes ont constaté la présence d’un personnel médical sans moyens et l’absence d’approvisionnement essentiel.
- Hôpitaux sans fournitures sanitaires suffisantes.
- Personnes vivant dans des bâtiments désertés ou sous bâches plastiques.
- Manque d’eau potable et d’installations d’assainissement.
- Préoccupations concernant des civils potentiellement détenus et difficilement accessibles.
Prise de contrôle et conséquences humanitaires
Les forces de soutien rapide ont pris El Fasher à la fin du mois d’octobre, mettant fin à un siège de 18 mois et à un assaut sanglant accompagné, selon des témoignages, de massacres, de violences sexuelles, d’enlèvements et d’arrestations. L’ONU estime à plus de 107 000 le nombre de personnes déplacées à la suite des violences dans la région.
La chute d’El Fasher a permis aux RSF d’étendre leur contrôle sur une large partie du Darfour et de consolider leur emprise sur près d’un tiers du territoire soudanais, alors que l’armée soudanaise conserve encore des poches d’influence, notamment dans une partie du nord du Darfour et dans la capitale Khartoum.
Un conflit aux effets dévastateurs
Le conflit entre l’armée soudanaise et les RSF, déclenché en avril 2023 autour de la question du commandement des forces armées, a plongé le pays dans une crise humanitaire majeure. Des dizaines de milliers de morts et plus de treize millions de personnes déplacées ont été signalés depuis le début des hostilités.
Face à la situation à El Fasher, l’ONU alerte sur l’urgence d’un accès humanitaire sécurisé et d’un approvisionnement en services de base pour éviter une aggravation de la détresse des populations.