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Décès d’Étienne-Emile Baulieu, pionnier de la pilule abortive

by charles
Actualités du monde : Etienne-Emile Baulieu: le père de la pilule abortive
France

Le monde de la recherche médicale et des droits des femmes est en deuil avec la disparition, vendredi dernier, du professeur Étienne-Émile Baulieu, à l’âge de 98 ans. Médecin, endocrinologue et chercheur de renommée internationale, il a marqué son temps par ses travaux innovants sur les hormones, la longévité, et le droit à la liberté reproductive.

Une carrière dédiée à la science et à la société

Né le 12 décembre 1926 à Strasbourg, Étienne-Émile Baulieu a commencé son parcours dans un contexte de résilience, prenant le nom d’Emile Baulieu lors de son engagement dans la Résistance à l’âge de 15 ans. Après avoir obtenu son doctorat en médecine en 1955, il s’est spécialisé en endocrinologie, créant en 1963 l’unité de recherche 33 à l’INSERM, qu’il a dirigée pendant près de 35 ans. Son dévouement a toujours été guidé par une exigence : servir la dignité humaine et améliorer la vie de ses contemporains.

Une avancée majeure pour les droits des femmes

Sa contribution la plus célèbre reste la mise au point, en 1982, de la RU 486, communément appelée la pilule abortive. Cette révolution médicale a permis à des millions de femmes à travers le monde de disposer d’un moyen efficace d’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse. Malgré une forte opposition et des menaces de ses détracteurs, il n’a cessé de défendre ce progrès fondamental, n’hésitant pas à dénoncer, deux ans auparavant, dans un entretien avec l’AFP, la régression représentée par l’interdiction de cette pilule dans certains États américains, qu’il qualifiait de « recul pour la liberté des femmes ».

Une recherche au service du vieillissement et des maladies neurodégénératives

Au-delà de ses travaux sur la prenatalité, Étienne Baulieu s’est intéressé à la longévité et à la santé du cerveau. Son étude sur la DHEA, hormone qu’il a découverte et qui semble jouer un rôle dans la lutte contre le vieillissement, l’a conduit à explorer le potentiel de neurostéroïdes pour améliorer la santé mentale. Il a également initié des recherches pour traiter la dépression, avec des essais cliniques en cours dans plusieurs centres hospitaliers. En 2008, il a fondé l’Institut Baulieu, spécialisé dans la compréhension et la prévention des maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, en focalisant ses recherches sur la protéine Tau et la protéine FKBP52, toutes deux impliquées dans la neurodégénérescence.

Une reconnaissance mondiale et un engagement continu

Tout au long de sa carrière, Étienne Baulieu a été honoré à l’échelle internationale, notamment par le prix Lasker aux États-Unis, considéré comme l’une des distinctions scientifiques suprêmes. Grand-croix de la Légion d’honneur et de l’Ordre national du Mérite, il incarnait l’esprit du progrès scientifique au service de l’humanité. Son épouse, Simone Harari Baulieu, évoque un homme guidé par la volonté de rendre la science utile et digne, tandis que la ministre de l’Égalité, Aurore Bergé, lui rend hommage en soulignant « son engagement en faveur de la liberté et de la dignité humaine ».

Veuf de Yolande Compagnon, il laisse derrière lui une famille nombreuse : 3 enfants, 8 petits-enfants et 9 arrière-petits-enfants. Son héritage scientifique, moral et sociétal demeure vivant, et ses travaux continueront d’inspirer les générations futures.

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