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Stratégies israéliennes et réponses de Hezbollah après la guerre
Les répercussions de la récente guerre continuent de se faire sentir dans le sud du Liban, alors qu’Israël cherche à imposer une nouvelle réalité en renforçant sa présence dans cinq sites militaires à l’intérieur des territoires libanais, sous prétexte de protéger sa sécurité et de défendre ses colonies. La question centrale demeure : quels sont réellement ses objectifs avec ce déploiement et quel impact cela aura-t-il sur l’équilibre régional ?
Réaction du gouvernement libanais
Parallèlement, l’État libanais continue d’exploiter la mobilisation internationale et diplomatique pour faire pression sur Israël afin qu’il se retire complètement, tout en préservant son droit de prendre des mesures d’escalade en cas de poursuite de l’occupation.
Les priorités de Hezbollah
De son côté, Hezbollah s’efforce d’équilibrer ses priorités entre la reconstruction et le renforcement de ses capacités militaires et politiques. Cependant, les politiques israéliennes envers le sud ne se limitent pas à un aspect militaire, mais incluent également des tentatives de saper le rôle de la résistance à travers des pressions diplomatiques et économiques.
Analyse des experts
Des experts interrogés par Al Jazeera estiment que les conséquences de la situation actuelle ouvrent la porte à plusieurs scénarios qui pourraient définir les contours de la prochaine étape dans la région. Ils s’accordent sur l’importance de renforcer les efforts diplomatiques pour garantir le retrait de l’occupation.
Le commentateur politique Asaad Bishara souligne que l’action d’Israël dans le sud ne constitue pas un retrait, mais plutôt une redéploiement visant à établir un lien concernant l’application de l’accord de cessez-le-feu, tout en maintenant certains sites occupés au Liban comme moyen de pression pour garantir son application.
Scénarios futurs
Bishara note que cette situation ne laisse au Liban qu’une seule option : aller de l’avant avec l’application complète de l’accord pour éliminer tous les prétextes d’Israël et l’obliger à affronter la communauté internationale si elle persiste dans son occupation inédite.
Sur le plan militaire, il ne s’attend pas à ce qu’Hezbollah prenne des mesures en raison de la déséquilibre des forces et d’un manque de conditions propices à des opérations, car les résultats de la guerre ont créé une nouvelle réalité que le parti comprend bien.
Les défis politiques d’Hezbollah
Politiquement, il ajoute que le parti continuera à « parier » sur l’État libanais pour plusieurs raisons, notamment son « incapacité actuelle à traiter les conséquences de la guerre et à effacer ses effets », surtout compte tenu des coûts économiques exorbitants qu’elle a engendrés, tels que des destructions et des dommages étendus.
Les politiques israéliennes
Le analyste politique Ali Haidar, quant à lui, affirme que le maintien par Israël d’une occupation partielle des territoires libanais et la retenue de cinq collines militaires dispersées montrent la persistance des politiques agressives israéliennes. Ces politiques visent à empêcher Hezbollah de reconstruire et de développer ses capacités militaires, ainsi qu’à désarmer le parti via l’État libanais.
Les scénarios à envisager pourraient inclure :
- La poursuite de l’occupation de ces collines sans horizon temporel clair.
- La possibilité d’un retrait ultérieur.
Options et implications
Entre ces deux possibilités, d’autres options émergent, selon Haidar, concernant les politiques opérationnelles israéliennes dans la région frontalière. Israël pourrait éviter toute intervention ou continuer ses agressions à des niveaux variés, avec un risque d’escalade dans le cadre de sa stratégie agressive en cours.
Bien qu’il soit possible d’évoquer un retrait imminent d’Israël de ces collines, il souligne qu’aucun indicateur ne soutient cette hypothèse. Au contraire, les actions israéliennes et les justifications avancées, en plus de la position américaine, laissent penser que l’occupation se prolongera indéfiniment.
Perspectives militaires et politiques
Haidar note également que l’occupation ne se contentera probablement pas d’un positionnement militaire sur ces collines, mais adoptera une politique opérationnelle agressive, notamment vis-à-vis des villages voisins, pouvant inclure la cible et l’arrestation des membres de la résistance qui se rendent dans leurs villages, même sous des prétextes civils.
Il estime qu’Israël cherchera à renforcer son image dissuasive à travers des politiques d’intimidation, tout en essayant de retarder la reconstruction des villages, surtout dans certaines zones proches de la frontière.
La situation de Hezbollah
Concernant Hezbollah, Haidar indique qu’après le cessez-le-feu du 27 novembre dernier, le parti est entré dans une nouvelle phase régie par un ensemble de priorités, notamment la reconstruction et le développement de ses capacités militaires en fonction des nouveaux développements, tout en préservant sa présence active dans le paysage politique et en faisant face aux pressions américaines cherchant à désarmer le parti.
Il ajoute qu’Israël, avec le soutien des États-Unis, tente d’exploiter ces développements et les priorités urgentes du parti pour poursuivre les agressions et les pressions dans le cadre de sa stratégie post-guerre. Il souligne que Hezbollah maintient jusqu’à présent une politique de retenue, permettant à l’État libanais d’accomplir ses devoirs et d’épuiser le processus diplomatique pour protéger les villages et pousser vers le retrait de l’occupation des collines restantes.
Les objectifs israéliens
Le spécialiste militaire Hassan Jouni considère que les cinq points stratégiques identifiés par l’occupation ne revêtent pas une grande importance. La pertinence des hauteurs a diminué en ce qui concerne le contrôle, l’observation et la surveillance, grâce aux moyens électroniques avancés, tels que les drones, capables d’exécuter ces fonctions avec une précision supérieure.
Il déclare que ces hauteurs ne constituent pas une nécessité défensive convaincante, considérant que l’occupation utilise cette justification comme prétexte. Selon lui, il y a trois objectifs principaux derrière son insistance sur ces sites :
- Objectif 1 : Un objectif moral, suggérant l’euphorie ressentie par l’occupation israélienne, comme si elle pouvait rester sur ces sites et imposer la réalité qu’elle souhaite, contournant ainsi tout accord pour afficher une image de supériorité et de victoire.
- Objectif 2 : Un objectif psychologique visant les colons du nord, cherchant à les rassurer et à les inciter à revenir en offrant une image qui suggère que l’armée d’occupation est présente de l’autre côté, c’est-à-dire à l’intérieur du Liban, pour les protéger. Il estime que sa présence au Liban rendra la stabilité dans la région plus fragile.
- Objectif 3 : L’objectif de tirer parti de cette présence pour atteindre des objectifs politiques, tels que lier le retrait à la désarmement de Hezbollah ou imposer une interprétation israélienne différente de la résolution 1701, voire même pour poursuivre des ambitions politiques plus larges.
Les sites d’occupation israélienne
Il convient de noter que l’armée d’occupation cherche à établir sa présence dans cinq sites à l’intérieur du sud du Liban, à savoir :
- Collines de Labbouné : Située dans le secteur occidental, à proximité des villages de Naqoura et Alama al-Shaab, cette zone boisée se trouve à environ 300 mètres de la ligne de frontière, considérée comme une zone de protection défensive par Israël, offrant un emplacement stratégique pour ses tactiques militaires.
- Mont Blat : Situé entre les villages de Marwahin (Sour) et Ramya (Bint Jbeil), il offre une vue large sur les secteurs ouest et central, à moins d’un kilomètre de la ligne bleue, représentant un point stratégique crucial pour Israël car il est inhabité, lui permettant une liberté de mouvement.
- Collines d’Al-Auyda : Située à environ un kilomètre de la frontière, entre les villages d’Al-Adyssa et Kfarkila, son importance réside dans sa vue totale sur la colonie de Metula et d’autres colonies.
- Collines d’Al-Aziya : Située à environ deux kilomètres de la frontière, entre le village de Deir Sryan (Marjeyoun oriental), elle surplombe le parcours du fleuve Litani de Mahmoudiya à Al-Zoutrin, offrant une vaste vue sur les villages du sud, donnant à Israël un avantage de surveillance pour renforcer son contrôle sur la région.
- Al-Hammams : Située pratiquement à l’intérieur de la commune de Khiam, elle a déjà été utilisée par l’armée d’occupation comme point de départ pour ses attaques terrestres contre le village lors du dernier conflit, se trouvant à environ un kilomètre de la frontière.