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Les Dents de la mer : Mythe ou réalité sur les requins ?

by Sara
Les Dents de la mer : Mythe ou réalité sur les requins ?
France, USA, Australie, Afrique du Sud

Il y a 50 ans, le 20 juin, le film _Les Dents de la mer_ de Steven Spielberg a fait son apparition sur les écrans. Ce long-métrage, souvent considéré comme le premier blockbuster estival, a créé une véritable onde de choc, totalisant 1,1 million d’entrées en France dès sa sortie. L’intrigue, centrée sur un grand requin blanc semant la terreur dans une station balnéaire, a profondément ancré dans l’esprit du public l’image du requin comme une machine à tuer.

Une réputation contestée

Cette réputation est-elle fondée ? D’après le Musée d’histoire naturelle de Floride, 51 attaques de requins ont été rapportées dans le monde en 2024, dont quatre se sont révélées fatales, contre seulement dix en 2023. Depuis 1580, l’International Shark Attack File (ISAF) a enregistré 3 164 attaques non provoquées. Les États-Unis, l’Australie et l’Afrique du Sud figurent parmi les pays les plus touchés.

Malgré ces chiffres, le risque de mourir à cause d’un requin demeure extrêmement faible, environ une sur quatre millions. Ce risque est bien moindre que ceux liés aux accidents de vélo, d’avion, ou même aux piqûres de moustiques. En réalité, c’est le requin qui craint l’humain. L’ISAF estime qu’il y a environ un million d’interactions homme-requin par jour, dont la majorité passent inaperçues.

Morsures : erreurs d’interprétation

La plupart des attaques de requins ne sont pas des tentatives de prédation, mais plutôt des erreurs d’interprétation, des morsures de défense ou des maladresses. Ces animaux utilisent leurs mâchoires pour explorer leur environnement, les amenant parfois à mordiller des objets qu’ils ne reconnaissent pas, comme des planches de surf ou même des membres humains. Dans 95 % des cas, les requins relâchent immédiatement leur proie.

Parmi les 400 espèces de requins, le requin-tigre et le requin-bouledogue sont souvent impliqués dans des attaques. Leurs caractéristiques morphologiques leur permettent de causer des blessures graves. L’augmentation des activités nautiques près des côtes contribue à accroître les rencontres avec ces prédateurs. Selon le biologiste Gavin Naylor, « Les gens surfent là où il y a de bonnes vagues, et là où il y a de bonnes vagues, il y a souvent des poissons appâts qui attirent les requins. »

Une image biaisée

Pourquoi cette diabolisation des requins ? Leur apparence, leur comportement imprévisible et notre instinct de survie face à un prédateur alimentent cette peur. En 400 millions d’années d’évolution, ces poissons ont survécu à quatre extinctions massives et sont devenus des chasseurs efficaces, capables de détecter une goutte de sang dans 4,6 millions de litres d’eau.

Historiquement, les requins ont été victimes d’une longue tradition de diabolisation. Des récits d’attaques de requins sur des naufragés remontent jusqu’au Ve siècle avant Jésus-Christ. Au XXe siècle, le commandant Cousteau les traitait déjà d’« ennemi mortel des plongeurs ». Le roman _Jaws_ de Peter Benchley, inspiré d’attaques réelles, a renforcé ce mythe, tandis que l’adaptation cinématographique de Spielberg a intensifié la peur des squales.

Des espèces menacées

Ironiquement, ce sont les requins qui sont les plus menacés par l’activité humaine. Chassés pour leur peau, leurs ailerons (1 kg se vend entre 300 et 500 €) et leur huile de foie, ils sont également victimes de la surpêche et de la pollution. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, un tiers des espèces de requins est en voie de disparition.

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