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À Louargat, la municipalité a engagé un ambitieux programme de rénovation énergétique des bâtiments scolaires, permettant une réduction significative des dépenses énergétiques. Cependant, le modèle économique qui a rendu cela possible est complexe et sa mise en œuvre dans d’autres collectivités n’est pas garantie.
Rénovation et confort pour les élèves
Depuis le printemps, les élèves du primaire occupent des préfabriqués, mais à la rentrée, ils retrouveront des classes entièrement rénovées, offrant une meilleure qualité de vie scolaire. Ces nouveaux locaux assureront une température constante, une bonne ventilation et une isolation thermique performante, contribuant également à réduire le bruit ambiant. Les élèves de maternelle, quant à eux, ont déjà emménagé dans leurs nouvelles salles depuis février, suite aux travaux lancés à l’automne 2024.
Cette transformation est une source de réjouissance pour les 230 enfants du groupe scolaire des Deux-Ménés et le personnel éducatif. Pour la commune de Louargat, qui compte 2 500 habitants, cela représente également un soulagement sur le plan budgétaire.
Les travaux prévus devraient aboutir à une réduction de la consommation énergétique de 66 % pour le bâtiment des primaires et de 75 % pour la partie maternelle, correspondant à une économie attendue de 15 000 euros par an aux prix actuels de l’énergie.
Un budget maîtrisé
Hervé L’Hévéder, le maire de Louargat, souligne l’importance de cette initiative : « En hiver, notre facture d’électricité atteignait 5 000 à 6 000 euros par mois, soit plus de 20 000 euros par an ! » Il rappelle que l’école, construite en 1984, présente des murs en panneaux sandwich minces avec des fenêtres en simple vitrage, chauffés par des convecteurs électriques, et dispose d’une climatisation devenue indispensable durant l’été.
Les économies réalisées découleront de travaux majeurs comprenant :
- Isolation par l’extérieur en laine de bois avec bardage en bois
- Isolation intérieure des plafonds
- Remplacement des radiateurs électriques par une pompe à chaleur air-eau et des radiateurs basse température
- Installation d’un système de ventilation double flux récupérant la chaleur de l’air extérieur
Le coût total du projet s’élève à 1,5 million d’euros hors taxes, financé sans endettement ni augmentation des taxes locales.
Aide à l’ingénierie et financement
Le succès de ce projet repose sur une approche méthodique et l’expertise du Syndicat d’énergie des Côtes-d’Armor (SDE22). En 2020, ce dernier a été sélectionné dans le cadre du programme national Act’ee (Action des collectivités territoriales pour l’efficacité énergétique) visant à accompagner les collectivités dans la rénovation de leurs bâtiments, notamment les écoles, qui représentent un poste de dépense majeur.
Le programme Act’ee, soutenu par la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et l’Association des maires de France (AMF), a permis de financer l’audit énergétique de l’école à hauteur de 80 000 euros. Cette aide a été essentielle pour la petite commune, confrontée à des factures d’électricité élevées.
Une stratégie de long terme
Un audit énergétique réalisé fin 2021 a révélé deux scénarios pour réduire la consommation d’énergie : un à 40 % pour un budget de 600 000 euros et un autre à 70 % pour 1,5 million. Le conseil municipal a opté pour la solution la plus ambitieuse, garantissant des économies d’énergie significatives sur le long terme, bien que cela dépasse les exigences du décret tertiaire.
Les travaux seront financés à moitié par des aides de l’État, laissant à la commune un reste à charge d’environ 600 000 euros, qui sera réglé entre 2024 et 2025 en réaffectant les budgets d’investissement et en réduisant certaines dépenses de fonctionnement.
Dans le cadre de la préparation des travaux, des études complémentaires ont révélé des coûts plus élevés que prévu, en particulier pour les locaux de restauration. La commune a choisi de différer ces rénovations pour maintenir l’ambition de performance énergétique de l’ensemble du bâtiment.
Un modèle à suivre ?
L’école de Louargat ne représente pas un cas isolé. Les 110 millions d’euros du programme Act’ee2 ont permis d’accompagner l’audit de 11 000 bâtiments dans 6 000 communes, avec un taux de décision de travaux dans 35 % des cas, trois fois supérieur à celui des dispositifs antérieurs.
Cependant, des voix s’élèvent quant à l’avenir du dispositif des Certificats d’économie d’énergie (CEE), crucial pour le financement de telles initiatives. Le directeur adjoint du programme Act’ee souligne la nécessité de renforcer ce dispositif pour répondre aux enjeux de la rénovation énergétique à grande échelle.