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David H. Autor, professeur au département d’économie du Massachusetts Institute of Technology (MIT), est un expert reconnu sur les questions liées au travail. Il a joué un rôle clé dans la remise en question des idées reçues sur les conséquences de la mondialisation sur l’emploi dans les pays industrialisés. Son analyse approfondie du « choc chinois », c’est-à-dire l’arrivée massive de produits chinois sur le marché mondial, a révélé ses impacts négatifs significatifs sur l’emploi dans certaines régions.
La polarisation du marché du travail
Dans ses recherches, David Autor a montré que les conséquences du choc chinois sur l’emploi étaient non seulement importants mais aussi durables. Il a également exploré comment la montée des technologies de l’information a entraîné une polarisation sur le marché du travail, avec une augmentation des emplois qualifiés et non qualifiés, tandis que les postes intermédiaires disparaissaient.
Il fait valoir que l’intelligence artificielle, lorsqu’elle est utilisée de manière appropriée, pourrait potentiellement recréer ces emplois intermédiaires. Cependant, cette transition pourrait également engendrer des perdants dans le processus.
Une nouvelle logique avec l’intelligence artificielle
Lors d’une récente conférence à Paris organisée par la Paris School of Economics (PSE) et le Centre for Economic Policy Research (CEPR), Autor a discuté des opportunités que l’IA pourrait offrir. Contrairement à l’informatisation qui a remplacé des tâches, l’IA pourrait permettre à un plus grand nombre de personnes d’effectuer des travaux d’expertise grâce à des outils plus performants, notamment dans des secteurs comme le droit, la médecine, et l’ingénierie.
Cette évolution pourrait enrichir la diversité des compétences demandées sur le marché du travail, permettant à des personnes sans formation supérieure de participer à des métiers plus spécialisés.
Des exemples concrets d’opportunités créées
David Autor a souligné que de plus en plus de personnes peuvent désormais développer des logiciels ou prescrire des traitements médicaux, ce qui n’était pas possible auparavant sans une formation avancée. Ces avancées permettent de réduire les coûts et d’améliorer l’accessibilité des soins, tout en créant des emplois mieux rémunérés.
« Tout le monde ne peut pas tout faire, mais beaucoup de technologies issues de l’IA simplifient des tâches et permettent à davantage de gens de les accomplir », ajoute-t-il.
Impact de l’IA sur les emplois peu qualifiés
Pour les travailleurs moins qualifiés, Autor assure que des emplois tels que ceux dans la restauration ou le nettoyage ne disparaîtront pas rapidement grâce à l’IA. Toutefois, une diminution de l’offre de main-d’œuvre dans ces secteurs pourrait mener à une amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération.
Licenciements dans le secteur technologique
Les récents licenciements massifs dans les grandes entreprises technologiques ne sont pas uniquement le résultat de l’automatisation, selon Autor. Il note que des entreprises comme Intel licencient principalement en raison de la concurrence, pas de l’IA.
« Certains métiers perdront en valeur », avertit-il, en mettant en garde les professions telles que traducteurs ou illustrateurs, tout en soulignant qu’il y aura des gagnants et des perdants dans cette transition.
Les défis de l’automatisation et de la mondialisation
David Autor s’inquiète des implications de l’automatisation sur les revenus du travail, avertissant que si celle-ci progresse trop, cela pourrait transférer massivement les revenus vers le capital, créant un problème de répartition significatif dans les sociétés démocratiques.
Il souligne également que les effets négatifs de la mondialisation sur le marché du travail ne sont pas temporaires, mais peuvent avoir des conséquences durables sur certaines régions et populations.
Conclusion sur les perspectives d’avenir
Dans un contexte où la technologie continue de transformer le paysage économique, David Autor appelle à des politiques industrielles ciblées et à une coopération internationale pour soutenir les secteurs stratégiques. Ce type d’approche pourrait aider à renforcer la croissance et l’emploi face aux défis posés par l’automatisation et la mondialisation.