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La Cour suprême américaine réduit le pouvoir des juges à bloquer les décrets de l’exécutif
La tension entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif aux États-Unis vient d’atteindre un point critique avec la décision récente de la Cour suprême, qui a limité la capacité des juges à suspendre à l’échelle nationale les décrets de l’administration. Dominée par une majorité conservatrice, cette juridiction a tranché en faveur de l’administration de Donald Trump, en estimant que ces suspensions dépassaient probablement les pouvoirs conférés par le Congrès aux tribunaux fédéraux.
Une décision aux conséquences majeures
Dans cette décision votée par six voix contre trois, la Cour déclaration que lorsqu’un tribunal juge que le pouvoir exécutif a agi de manière illégale, sa réponse ne doit pas aller au-delà des prérogatives prévues par la Constitution. La juge Amy Coney Barrett, au nom de la majorité, a précisé que « les décisions de portée nationale émises par des juges fédéraux excèdent probablement les pouvoirs conférés par le Congrès ».
Ce jugement concerne notamment le contesté décret de Donald Trump sur le droit du sol, qui remettrait en cause l’octroi automatique de la citoyenneté américaine aux enfants nés sur le territoire. Tous les tribunaux et cours d’appel fédéraux saisis sur ce dossier avaient déclaré ce décret inconstitutionnel. La cour suprême, cependant, n’a pas statué sur la constitutionnalité du décret, mais a limité son application uniquement dans les régions où aucune décision contraire n’avait été prononcée, créant un véritable effet de patchwork.
Un bras de fer sur l’immigration et les droits fondamentaux
Ce revirement judiciaire s’inscrit dans un contexte de politique migratoire restrictive initiée par l’administration Trump dès le début de son mandat, notamment avec une volonté affirmée de réduire l’accès à la nationalité pour certains enfants nés aux États-Unis. Donald Trump a célébré cette décision comme une « gigantesque victoire » sur les injonctions nationales qui selon lui, freinent la politique présidentielle.
Les opposants, notamment la procureure général de Californie Rob Bonta, dénoncent une décision qui fragilise la Constitution et ouvre la porte à un recours accru à des mesures unilatérales de l’exécutif. La juge Sonia Sotomayor a exprimé sa crainte que cette jurisprudence permette au gouvernement de contourner la Constitution et de bafouer les droits des citoyens, instaurant ce qu’elle qualifie de « patchwork de droits » qui menace la cohérence juridique du pays.
Les enjeux pour la démocratie américaine
Ce verdict marque un tournant dans l’équilibre des pouvoirs et soulève des questions sur la protection des droits constitutionnels face à l’autorité judiciaire. La décision n’a pas seulement un impact sur la politique migratoire, mais pourrait aussi impacter d’autres domaines où des juges fédéraux tentent de freiner l’action de l’exécutif sur des sujets sensibles comme l’avortement ou les prêts étudiants. La décision de la Cour indique un déplacement vers un rôle plus restrictif pour les juges dans la limitation des actions présidentielles, avec une volonté de limiter leur pouvoir d’ordonner des suspensions à large échelle.
Une bataille juridique encore ouverte
Malgré cette victoire de la majorité conservatrice, la question de la constitutionnalité du décret Trump sur le droit du sol demeure en suspens. La Cour suprême n’a pas statué sur cette question qu’elle a toutefois suspendue dans l’attente d’un examen futur. Les opposants se préparent déjà à poursuivre la lutte, certains juristes parlant d’un « effet de patchwork » qui fragiliserait la cohérence du droit américain.