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Une crise majeure secoue le secteur de la rénovation énergétique en France, suite à la suspension récente du dispositif MaPrimeRénov’. Annoncée officiellement début juin, cette décision a suscité une vive inquiétude parmi les professionnels, les federations du bâtiment, et les ménages bénéficiaires.
Une décision choc pour la filière de la rénovation énergétique
Le 4 juin, le gouvernement a confirmé la suspension de MaPrimeRénov’ à partir de juillet, invoquant une surcharge des services instructeurs et un retard dans l’adoption du projet de loi finances 2025. Selon le ministre de l’Économie, Éric Lombard, cette mesure vise à limiter des demandes excessives et à éviter des fraudes, mais elle intervient dans un contexte où le dispositif a permis la rénovation de plus de 2,3 millions de logements depuis 2020.
Les chiffres de 2024 sont préoccupants : seulement 340 800 habitats ont bénéficié d’une rénovation thermique cette année, soit moins de la moitié de l’objectif initial du gouvernement. Cette baisse est en partie attribuée à une gestion difficile et à une série de réformes qui ont brouillé la lisibilité du dispositif. La décision de suspendre l’aide a laissé les professionnels dans une grande confusion : le standard téléphonique des entreprises est en surcharge, et beaucoup craignent pour leur avenir.
Une réaction unanime de la filière artisanale et des professionnels du bâtiment
Les principales organisations professionnelles, comme la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), ont vivement réagi. Elles dénoncent une décision brute, sans concertation, et accusent le gouvernement d’effectuer des économies budgétaires au détriment de l’emploi et de l’environnement. Olivier Pihan, secrétaire général de la Capeb en Vaucluse, déplore que la filière ait déjà subi plusieurs gels et relances, compromettant la stabilité économique des entreprises artisanales.
« C’est effroyable qu’on n’arrive pas à assurer une continuité, déplore-t-il. La filière doit faire face à une casse économique inacceptable si cette situation perdure. »
De leur côté, la Fédération française du bâtiment (FFB) souligne l’impact négatif de cette suspension sur la création d’emplois, avec plusieurs milliers de suppressions en 2024. La crise financière aggrave la situation, d’autant que beaucoup d’entreprises rencontrent des retards importants dans le traitement de leurs dossiers, compliquant encore davantage le démarrage des travaux et la perception des aides.
Les professionnels en froid avec la gestion du dispositif
Le manque de clarté politique et la complexité administrative sont également pointés du doigt. Caroline Rousse-Décébale, présidente d’EnergyGo, évoque une gestion ubuesque, avec des règles changeantes et un dispositif trop lourd à gérer. Elle insiste sur la nécessité d’instaurer une stabilité et de simplifier les aides pour éviter une dégradation encore plus grave du secteur.
Les acteurs réclament une révision rapide du système, afin d’assurer la continuité des projets et de préserver des milliers d’emplois. Faute de quoi, le secteur risque de connaître une véritable débandade économique, avec des artisans et sous-traitants en difficulté, voire en danger.
Un contexte déjà difficile amplifié par la crise
Ce marasme s’inscrit dans un contexte général de crise pour le bâtiment en 2024 : 14 000 fermetures d’entreprises et 27 000 suppressions d’emplois ont été recensées par la Capeb, tandis que la FFB évoque jusqu’à 40 000 emplois menacés.
Face à cette situation, le secteur doit faire face à une perte de certitude quant aux financements, tout en supportant la surcharge des lignes téléphoniques d’assistance. Les professionnels s’accordent pour souligner qu’une solution pérenne passe par une simplification des démarches et une communication claire, afin d’éviter une catastrophe économique et sociale.