Home Actualité Crise énergétique en péninsule ibérique : causes et enjeux

Crise énergétique en péninsule ibérique : causes et enjeux

by Sara
Crise énergétique en péninsule ibérique : causes et enjeux
France, Espagne, Portugal

Le blackout qui a frappé le système électrique de la péninsule ibérique le 28 avril 2025 fait encore l’objet d’analyses par les responsables des systèmes espagnols, portugais et français, ainsi que par ENTSO-E, l’association pour la coopération des opérateurs des systèmes de transmission de 36 pays européens. Selon les textes européens, un délai de 6 mois est fixé pour la publication des conclusions complètes.

Les enjeux politiques du blackout

Le long processus d’expertises techniques ne convient guère aux responsables politiques qui cherchent un bouc émissaire pour se décharger de toute responsabilité, particulièrement à l’approche des échéances électorales. La ministre espagnole de la transition écologique, ainsi que la ministre portugaise de l’Environnement et de l’Énergie, pointent du doigt plusieurs coupables, dont la France et son manque de dynamisme concernant la construction d’interconnexions électriques.

Les interconnexions électriques : une nécessité

Le système électrique liant Espagne et Portugal n’est pas totalement isolé du réseau européen. Toutefois, les Pyrénées représentent un obstacle coûteux pour la construction de connexions avec la France et le reste de l’Europe. Entre 2022 et 2023, l’Espagne avait une capacité commerciale moyenne d’importation de 2,2 GW avec la France via six lignes. La construction de l’interconnexion Golfe de Gascogne, essentiellement sous-marine, entre Gatica (près de Bilbao) et Cubnezais (près de Bordeaux), vise à porter la capacité d’interconnexion physique à 5 GW d’ici 2028.

Les conséquences du blackout

Pour les responsables politiques espagnols et portugais, des capacités d’interconnexion plus élevées auraient pu éviter le blackout du 28 avril. Bien que la France ne soit pas à l’origine de la panne, sa politique d’interconnexions jugée trop passive aurait exacerbé l’ampleur et la durée de l’incident.

Malgré les demandes répétées de Lisbonne et Madrid, les interconnexions ne représentent actuellement que 3 % de la capacité de production de la péninsule. Début juin 2025, les gouvernements espagnol et portugais ont relancé les discussions avec une lettre adressée au gouvernement français et au Commissaire européen à l’énergie, visant à organiser une rencontre avant la fin de l’année pour établir une feuille de route avec un objectif de 15 % d’interconnexions d’ici 2030.

Les défis des interconnexions

Les interconnexions permettent de créer un grand marché et, « par temps de tempête, elles garantissent un degré de sécurité d’approvisionnement important et sont le symbole de la solidarité européenne ». Cependant, elles ne sont pas exemptes d’inconvénients, car elles peuvent aussi transmettre les problèmes d’un pays à l’autre.

La panne du 28 avril a débuté à 12h33 dans le sud de l’Espagne avant de s’étendre à tout le territoire ibérique, entraînant la déconnexion des systèmes français et marocain. Une partie du Pays basque français a été délestée, et le réacteur n°1 de la centrale de Golfech s’est arrêté automatiquement à 12h34.

Vers une meilleure coopération européenne

Il est légitime de se demander ce qui se serait passé si les capacités transfrontalières avaient été plus grandes. Alors que l’Espagne était exportatrice d’électricité vers la France au moment de l’incident, il est probable que la France, plus dépendante des importations du sud, aurait subi un impact plus fort et aurait eu plus de difficultés à participer à la restauration du réseau ibérique.

Cependant, la simple création d’interconnexions n’est pas suffisante pour garantir des flux d’énergie plus importants. Les réseaux en amont et en aval de la ligne transfrontalière doivent également être capables d’acheminer une plus grande quantité d’énergie, soulevant ainsi la question du financement des renforcements des réseaux nationaux des deux côtés de la frontière.

Attente du rapport d’ENTSO-E

Le 17 juin 2025, la ministre espagnole de la Transition écologique a organisé une conférence de presse pour présenter un rapport commandé par son gouvernement. Contrairement à certaines déclarations précipitées, comme celles du Secrétaire d’État américain à l’Énergie qui a attribué la panne aux énergies renouvelables, la ministre a pris le temps de demander l’avis d’experts.

Il reste à voir ce que révélera le rapport d’ENTSO-E concernant cette crise énergétique, qui soulève de nombreuses questions sur l’avenir des infrastructures électriques en Europe.

Photo d'illustration

Blackout Péninsule Ibérique | Interconnexions Électriques | Crise Énergétique | Énergie | Blackout | Péninsule Ibérique | Interconnexions | Europe | Crise Énergétique | France | Espagne | Portugal

You may also like

Leave a Comment


Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés