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La Feria de Sevilla 2025 innove en prolongeant son éclairage nocturne jusqu’à 6 heures du matin, une mesure qui vise à réduire significativement la délinquance dans cet événement majeur de la ville andalouse.
Organisation et nouveautés techniques de la Feria de Abril
Pepe Baena, chef de section à la Délégation des Fiestas Mayores de la mairie de Séville, et José Manuel Peña, chef de bureau, sont les piliers de la logistique et de l’organisation de la Feria de Abril, l’une des plus grandes fêtes traditionnelles de la ville. Depuis huit ans, ils dirigent une équipe restreinte de cinq personnes, épaulée par des centaines de collaborateurs tout au long de l’année, pour faire surgir le « real » au cœur des terrains vagues de Los Remedios.
Cette année, la principale innovation concerne la structure des tubes utilisés dans les casetas. « Il s’agit d’un puzzle beaucoup plus moderne, un système de tubes emboîtables qui permet d’agrandir légèrement la largeur et la hauteur des casetas, ce qui sera perceptible surtout dans les plus petites, avec environ vingt centimètres supplémentaires dans chaque dimension », explique Baena.
La Feria repose essentiellement sur la tradition. Ainsi, la décoration électrique reste inchangée depuis plus de quarante ans, avec des lanternes aux couleurs orange et blanc. Baena rappelle aussi une mesure instaurée il y a trois ans après la pandémie : une meilleure ventilation des casetas, devenue désormais une norme permanente.
Gestion du sol et innovations technologiques
Face à une alerte rouge déclenchée pour le pollen d’olivier, la poussière présente un problème pour les visiteurs allergiques comme non allergiques. José Manuel Peña précise : « Nous continuons à traiter l’albero avec du chlorure de calcium pour éviter la poussière, en appliquant ce traitement trois jours avant le début de la Feria, c’est essentiel pour prévenir les problèmes respiratoires. »
La Feria intègre également des technologies modernes lorsque celles-ci améliorent l’expérience. L’adoption de lampes LED a permis de réduire la facture électrique de moitié, soit une économie d’environ 250 000 euros. Ce gain énergétique permet aujourd’hui d’allonger d’une heure l’éclairage nocturne, passant de 5 heures à 6 heures du matin cette année.
« La police nationale nous a expressément demandé de prolonger l’éclairage jusqu’à 6 heures, car l’étude de l’année dernière a montré qu’une heure de lumière en plus diminuait nettement le nombre de délits », souligne Baena. La Feria de Abril 2025 bénéficiera ainsi du plus long éclairage nocturne de son histoire, avec l’espoir d’une baisse significative des incidents.
Sécurité renforcée notamment dans les zones sensibles
La rue du « Infierno » reste le point névralgique où se concentrent la plupart des délits et altercations. José Manuel Peña explique : « C’est normal, car toutes les casetas sont sécurisées et bien surveillées, tandis que dans cette zone, seule la police assure une surveillance générale et l’on y trouve beaucoup de jeunes susceptibles de provoquer des incidents. »
Peña et Baena insistent aussi sur le contrôle du bruit, souvent facteur de conflits. « Cette année, nous allons redoubler d’efforts pour limiter les décibels, notamment dans la rue Pascual Márquez où se situent la majorité des casetas de district, souvent sources de problèmes de sécurité. »
Le chef de section déplore notamment les haut-parleurs orientés vers la rue, qui nuisent à l’image de la Feria, et regrette que certaines casetas ne diffusent même pas de sévillanes, tradition musicale locale. Il évoque aussi la disparition d’une caseta réputée pour son bruit et ses problèmes liés aux entrées et ventes, autrefois gérée par un concessionnaire privé.
Prévention des coupures d’électricité
Les risques d’incidents électriques préoccupent particulièrement Baena et Peña. Une ligne haute tension traverse le parc d’attractions de la rue du « Infierno », dont l’enfouissement est prévu pour l’année prochaine afin de réduire les dangers. La Feria consomme une énergie équivalente à celle d’une commune de 5 000 habitants, mais la tension disponible est faible et dégradée. « Si nous pouvions résoudre ce problème, nous pourrions fournir bien plus de puissance aux casetas », explique Baena, précisant qu’actuellement chacune reçoit environ 10 kilowatts.
Un black-out est l’épreuve la plus redoutée. L’incident majeur de 2023, lors du dîner traditionnel du poisson frit, a plongé le site dans le noir pendant deux heures. « Les friteuses sont toutes mises en marche entre 19h et 20h, c’est à ce moment que s’est produit le coupure, sans doute due à un pic de haute tension similaire à celui qui a affecté l’Espagne récemment », relate Baena.
Plus de cinquante électriciens sont mobilisés sur place pour intervenir rapidement en cas de problème. La Feria dispose par ailleurs d’un groupe électrogène situé à Tablada, capable d’alimenter le site pendant environ quatre heures. « Nous ne l’utiliserions pas pour prolonger la fête, mais uniquement pour permettre une évacuation sécurisée des visiteurs. Sans ces lumières d’urgence, ce serait un véritable chaos », avertit Baena.
Un travail collectif pour la réussite de la Feria
Une cinquantaine de personnes, issues de différentes entreprises, assurent jour et nuit la maintenance des services durant l’événement, en coordination avec des entités municipales telles que Lipasam et Tussam. Les organisateurs, malgré la fatigue accumulée au fil des mois, espèrent que leur travail aboutira à une Feria lumineuse et sans encombre, fidèle à la tradition.
« Dès le mercredi de la Feria, nous commençons à nous relâcher un peu car les demandes diminuent », concluent Baena et Peña, témoignant de l’intensité de leur engagement.