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Libération de Mahmoud Khalil aux USA : combat judiciaire en cours

by Sara
Libération de Mahmoud Khalil aux USA : combat judiciaire en cours
États-Unis, Palestine

Après plus de trois mois passés dans un centre de détention pour migrants en Louisiane, Mahmoud Khalil, activiste palestinien, a été libéré sous caution vendredi, conformément à une décision judiciaire fédérale. Cette libération lui permet de retourner à New York pour rejoindre sa femme et leur nouveau-né, tandis que la procédure judiciaire concernant son cas se poursuit.

Dans sa première déclaration après sa remise en liberté, Khalil a exprimé sa colère face à la durée prolongée de sa détention, déclarant : « La justice a triomphé, mais après un retard long et injustifié ». Il a ajouté : « Dès votre entrée dans un centre de détention, vos droits vous sont retirés… C’est le contraire total de ce que la justice est censée représenter dans ce pays ».

À l’aéroport de Newark dans le New Jersey, où il a été accueilli par des militants et des journalistes, Mahmoud Khalil a promis de poursuivre son combat en faveur de la cause palestinienne. Il a affirmé avec détermination : « Ils ne me feront pas peur avec l’emprisonnement. Même s’ils me tuent, je continuerai à défendre la Palestine ».

Un arrestation sans chef d’accusation

L’affaire de Mahmoud Khalil débute le 8 mars dernier, lorsqu’une équipe du ministère de la Sécurité intérieure a perquisitionné son domicile à Manhattan et l’a arrêté sans mandat ni accusations criminelles. Les autorités américaines ont justifié cet acte en invoquant une disposition controversée de la loi sur l’immigration et la nationalité de 1952.

  • Cette disposition permet au secrétaire d’État d’expulser « tout étranger susceptible de nuire à la politique étrangère des États-Unis ».
  • L’administration Trump avait utilisé ce texte pour justifier la détention de Khalil, arguant que son activisme pro-palestinien « compliquait les relations avec un allié stratégique », faisant allusion à Israël.

Ces justifications ont été vivement critiquées par des organisations de défense des droits humains et des experts juridiques, qui ont dénoncé une menace grave à la liberté d’expression. L’équipe de défense de Khalil a rapidement contesté la légalité de cette arrestation, la qualifiant de violation flagrante du Premier Amendement de la Constitution américaine.

Omar Mohammedi, avocat célèbre pour ses affaires contre la police de New York, a déclaré à Al Jazeera : « Ce dossier n’a rien à voir avec la sécurité nationale, c’est une violation de la Constitution ». Il a ajouté que le gouvernement « teste les limites du Premier Amendement, mais il échouera, car la justice est le dernier gardien de la Constitution ».

Pour sa part, Nour Safar, principale avocate du projet immigration au sein de l’Union américaine pour les libertés civiles, a qualifié la détention de Khalil de « punition politique claire ». Dans un communiqué adressé à Al Jazeera, elle a indiqué : « Utiliser les lois sur l’immigration pour réprimer les solidarités avec la Palestine menace tout le monde, pas seulement les Palestiniens ».

Des justifications changeantes

Fin mai, un juge fédéral du New Jersey a estimé que l’argument de « nuisance à la politique étrangère » pouvait être inconstitutionnel et a donné au gouvernement un délai pour présenter une base légale plus solide ou libérer Khalil.

Au lieu de reculer, le ministère de la Sécurité intérieure a invoqué une nouvelle accusation : « falsification d’informations dans la demande de carte de résidence permanente ». Il reproche à Khalil de ne pas avoir révélé toutes ses relations avec des organisations palestiniennes.

Le juge Michael Farbiarz a qualifié cette démarche d’« exceptionnelle et rarement utilisée », particulièrement en l’absence de risque de fuite ou de menace pour la société, et a ordonné, le 20 juin, la libération sous caution de Khalil en attendant la poursuite des procédures.

L’avocat Mohammedi a confié à Al Jazeera que « les autorités ciblent des résidents vulnérables titulaires de la carte verte, les considérant comme des cibles faciles ». Il a dénoncé un « déni de la Constitution » et une tentative de « dissuader les autres de mener des activités politiques pacifiques pourtant protégées par la Constitution américaine ».

Il a confirmé que le combat judiciaire continuera, affirmant : « Toutes les organisations de défense des droits civiques et les personnes convaincues de la justesse de la cause de Mahmoud poursuivront la bataille légale, car personne n’est au-dessus de la Constitution, ni le ministère des Affaires étrangères, ni le président ».

Une bataille judiciaire toujours en cours

Malgré la libération temporaire de Mahmoud Khalil, le ministère de la Sécurité intérieure a annoncé son intention de faire appel de la décision judiciaire, ce qui signifie que l’affaire n’est pas close. Khalil pourrait devoir comparaître de nouveau devant un juge en matière d’immigration si le gouvernement maintient l’accusation de fausses informations dans sa demande de résidence.

Cette affaire s’inscrit dans une campagne plus large lancée par l’administration Trump contre les militants de la cause palestinienne aux États-Unis.

  • Trump a intensifié ses attaques contre le mouvement étudiant pro-palestinien.
  • Il a qualifié leurs manifestations d’« antisémites et anti-américaines » et menacé d’expulser les étudiants étrangers qui y participent.
  • L’arrestation de Khalil a constitué le premier test pratique de ces menaces, que Trump a saluées en la qualifiant de « première d’une longue série ».

Malgré l’échec du gouvernement à maintenir la détention de Khalil, il est probable qu’il cherche à confirmer l’accusation de « falsification » pour justifier le retrait de sa carte verte et son expulsion. Les organisations de défense des libertés considèrent cela comme une manœuvre politique visant à réduire au silence les voix soutenant la Palestine sur le sol américain.

Mahmoud Khalil lors d'une manifestation à l'Université de Columbia en soutien à Gaza, New York, 1er juin 2024

Mahmoud Khalil a participé aux manifestations étudiantes pour dénoncer la guerre à Gaza à l’Université de Columbia (Reuters).

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/6/22/%d8%a7%d9%84%d8%a5%d9%81%d8%b1%d8%a7%d8%ac-%d8%b9%d9%86-%d9%85%d8%ad%d9%85%d9%88%d8%af-%d8%ae%d9%84%d9%8a%d9%84-%d8%a8%d8%a3%d9%85%d9%8a%d8%b1%d9%83%d8%a7-%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b9%d8%b1%d9%83%d8%a9

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