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Océans en danger : pollution, surpêche et biodiversité (France, Monde)

by Sara
Océans en danger : pollution, surpêche et biodiversité (France, Monde)
France, Monde

Dans un livre aussi ludique que pédagogique, Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer, et Philippe Vallette, océanographe, nous éclairent sur les grands enjeux maritimes d’aujourd’hui.

Pourquoi dit-on que l’océan est source de vie pour la planète ?

Le cycle de l’eau, essentiel à la vie sur Terre, dépend de l’océan. L’eau de mer s’évapore sous l’effet de la chaleur solaire, formant des nuages qui, poussés par les vents, apportent des précipitations sur les continents. Ces précipitations alimentent les rivières et les lacs, les plantes, les terres agricoles et remplissent nos réserves d’eau potable. Les océans couvrent plus de 70 % de la surface de la Terre et jouent un rôle essentiel dans la production d’oxygène que nous respirons. Les minuscules algues planctoniques formant le phytoplancton produisent 50 % de l’oxygène que nous utilisons, grâce à la photosynthèse : une respiration sur deux est un cadeau de la mer. L’océan mondial renferme 97,2 % de l’eau sur Terre. Il est également un immense réservoir de biodiversité. Des récifs coralliens colorés aux grandes profondeurs abyssales, il abrite une incroyable variété de formes de vie.

Au sud-est de l’océan Pacifique, le courant de Humboldt, au large de l’Amérique du Sud, apporte des eaux froides riches en nutriments. L’océan est une source précieuse de nourriture. On estime que près de 3 milliards de personnes dépendent de la pêche pour leur subsistance. Les produits de la mer, riches en protéines et en nutriments essentiels, constituent une part importante de l’alimentation humaine, jusqu’à la moitié dans les pays les plus pauvres. Protéger nos océans, protéger l’eau, c’est préserver la source même de la vie sur notre planète.

Quel est le nombre d’espèces sur Terre… et dans l’océan ?

Les scientifiques estiment qu’il existe entre 8,7 et 12 millions d’espèces sur Terre. Ce chiffre, bien qu’impressionnant, n’est qu’une approximation, car aujourd’hui « seulement » 1,7 million d’entre elles ont été mises au jour. Chaque année, de nouvelles espèces sont découvertes, tandis que d’autres disparaissent sans jamais avoir été enregistrées. Les océans sont encore largement inexplorés. On a dénombré 226 000 espèces marines, mais on estime qu’il en existe en réalité 10 fois plus en considérant les micro-organismes, ce qui laisse entrevoir un potentiel incroyable de découvertes futures. On découvre chaque année 2000 nouvelles espèces. Les grands animaux (poissons, baleines, etc.) ne représentent que 2 à 3 % des espèces marines.

Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes les plus diversifiés au monde. Un seul récif peut abriter des milliers d’espèces, formant un réseau complexe d’interactions écologiques. Ils couvrent 0,1 % de la surface des océans et abritent 25 % de toutes les espèces marines connues ! Les forêts de mangroves et les herbiers marins jouent également un rôle crucial en servant de nurseries pour de nombreuses espèces de poissons et d’invertébrés. La biodiversité terrestre et marine est essentielle pour la santé de notre planète. Malheureusement, cette biodiversité est menacée par la pollution, le changement climatique, la destruction des habitats et la surexploitation. Chaque jour, des espèces disparaissent à un rythme alarmant, privant la planète de leurs contributions uniques.

Pourquoi est-il vital de préserver la biodiversité marine ?

La biodiversité marine contribue à l’équilibre de la vie sur Terre. Chaque espèce a un rôle spécifique dans son écosystème. C’est la complexité de ce réseau qui constitue la solidité de l’édifice du vivant. Lorsque des espèces disparaissent, la simplification de cet édifice le rend plus fragile. Sa préservation est vitale pour de nombreuses raisons. La biodiversité marine fournit des ressources alimentaires. Une mer saine et diversifiée assure des stocks de poissons robustes et résilients, capables de supporter la pêche commerciale et artisanale.

Les océans et la vie marine jouent également un rôle crucial dans la régulation du climat mondial dont dépend la santé de la planète. Les récifs coralliens et les récifs végétaux ne sont pas seulement des refuges pour la biodiversité, ils protègent également les côtes des tempêtes et de l’érosion, agissant comme des barrières naturelles contre les assauts des vagues. Les médicaments issus des océans représentent une autre facette précieuse de la biodiversité marine. De nombreuses espèces marines contiennent des composés bioactifs qui se sont avérés essentiels dans le développement de nouveaux traitements médicaux.

Quelle est l’importance des récifs coralliens ?

Composés de polypes, sorte de petites anémones de mer sécrétant du carbonate de calcium, les récifs coralliens vivent en symbiose avec des algues microscopiques, les zooxanthelles, qui leur fournissent nutriments et oxygène par photosynthèse. Les coraux sont donc des animaux, vivant en association avec des plantes. Souvent comparés aux forêts tropicales pour leur richesse et leur diversité, ils fournissent un habitat à environ 25 % de toutes les espèces marines, malgré le fait qu’ils ne couvrent que 348 000 km², soit 0,1 % du fond marin. Ils sont les seules structures marines visibles depuis l’espace, soulignant leur importance géographique et écologique.

Ces écosystèmes complexes ont une importance économique notable : ils fournissent des ressources alimentaires à 500 millions de personnes et attirent chaque année des millions de touristes. Cependant, ils sont gravement menacés par les activités humaines et le changement climatique. Le blanchissement des coraux, dû à l’augmentation des températures de l’eau, la pollution et l’acidification des océans, conduit à leur dégradation rapide. Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre, contrôler la pollution marine et promouvoir des pratiques durables.

Quelles pollutions et autres menaces pèsent sur l’océan ?

Les océans sont aujourd’hui confrontés à des menaces sans précédent, principalement dues aux activités humaines. Les pollutions chimiques constituent l’une des principales menaces. Les pesticides, produits industriels et métaux lourds se déversent dans les océans. Ces substances toxiques s’accumulent dans les organismes marins, perturbant les processus biologiques essentiels. La pollution par les eaux usées non traitées est également une menace pour les océans. L’excès d’engrais agricoles, comme les nitrates et phosphates, entraîne des proliférations d’algues qui asphyxient la vie marine.

La pollution par les hydrocarbures, causée par des déversements accidentels ou illégaux, a des conséquences dévastatrices. La pollution sonore, souvent négligée, est également une menace sérieuse : trafic maritime, explorations pétrolières et utilisation de sonars perturbent la vie marine. Les océans sont aussi menacés par les excès de chaleur et la pollution au CO2. Le réchauffement des eaux perturbe les écosystèmes marins, tandis que l’acidification des océans, causée par la dissolution du dioxyde de carbone, affaiblit les coraux et les coquillages.

Pêche-t-on trop de poissons ?

Depuis les années 1950, la production mondiale de produits de la mer a été multipliée par 10, atteignant environ 185 millions de tonnes en 2022. L’aquaculture, qui représente désormais 51 % de cette production, a dépassé la pêche de capture pour la première fois. Cependant, des espèces emblématiques, comme la morue de l’Atlantique et le thon rouge, ont vu leur capture diminuer en raison de la surpêche. Selon la FAO, près de 38 % des stocks mondiaux sont exploités à des niveaux biologiquement non durables.

Face à cette crise, l’aquaculture s’est imposée comme une alternative, mais elle dépend encore de farine de poisson. Seule une gestion rigoureuse, associée à des innovations dans l’aquaculture et des politiques globales, permettra de préserver l’avenir des océans.

À qui appartient la mer ?

La question de savoir à qui appartient la mer est complexe et touche à des enjeux de droit international, de souveraineté nationale et de gestion des ressources naturelles. En général, la mer n’appartient pas à une seule nation ou entité, mais est régie par un ensemble de règles et de conventions internationales. Selon la convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), les eaux marines sont divisées en plusieurs zones juridictionnelles, où les États côtiers exercent des droits souverains.

Au-delà des eaux territoriales, jusqu’à 200 milles nautiques de la côte, la zone économique exclusive (ZEE) confère à l’État côtier des droits souverains pour explorer et exploiter les ressources marines. Au-delà de la ZEE, les eaux relèvent de la haute mer, où aucun État n’exerce de souveraineté.

Pourquoi dit-on que la France est la deuxième nation maritime au monde ?

Le 10 décembre 1982, la France a remporté la plus grande bataille navale de son histoire, obtenant plus de 10 millions de km² d’espace maritime, soit 20 fois la superficie terrestre de la France métropolitaine. Ce jour-là, 117 chefs d’État et de gouvernement signaient un document qui conférait à la France le deuxième espace maritime au monde, après les États-Unis. Aujourd’hui, la France détient près de 11 millions de km² d’espace maritime, dont 97 % se situent outre-mer.

Quel est le rôle du transport maritime dans la mondialisation ?

Environ 90 % des marchandises échangées à l’échelle mondiale transitent par voie maritime. Le transport maritime est plus économique que le transport aérien ou routier, surtout sur de longues distances. Les routes maritimes sont au cœur des chaînes d’approvisionnement mondiales. Par exemple, le canal de Suez, qui voit passer 10 % du commerce maritime mondial, est un nœud critique pour les échanges entre l’Europe et l’Asie.

Comment sera l’océan en 2050 ?

En 2050, l’océan pourrait représenter une opportunité inestimable pour le développement durable. D’ici là, des actions globales devraient permettre de mettre en place le « traité plastique », ainsi que la régénération de zones critiques comme les récifs coralliens et les mangroves. Il est permis de rêver d’un océan devenu un lieu de symbiose entre l’homme et la nature, un sanctuaire préservé et régénéré grâce aux avancées technologiques et aux engagements internationaux.

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