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Civils et tensions au Soudan : la stratégie militaire de Hamidti
Des sources militaires au sein du ministère de la Défense soudanais ont révélé que les forces de soutien rapide mettent en œuvre actuellement le plan « B », annoncé par leur commandant, Mohamed Hamdan Daglo « Hamidti », après son échec à prendre le pouvoir.
Les sources, qui ont souhaité rester anonymes, expliquent que les forces de soutien rapide avaient prévu, avec le soutien de leaders politiques, de s’emparer du pouvoir le 15 avril 2023 par une opération rapide ne devant pas durer plus de quelques heures, mais cette tentative a échoué.
Suite à l’échec de ce qui a été qualifié de « coup d’État blanc », ces forces, soutenues par des puissances régionales, ont envisagé une offensive militaire rapide. Leur évaluation était que l’armée soudanaise ne serait pas en mesure de résister à l’assaut des forces de soutien rapide, qui s’étaient déjà déployées à Khartoum, puis à Darfour, ainsi que dans les États de Sinnar et Jazira, visant à atteindre l’est du Soudan et la ville de Port-Soudan pour prendre le contrôle du pays.
Les tentatives des forces de soutien rapide d’obtenir un mandat international pour un appel à une intervention humanitaire et un cessez-le-feu, ce qui les aurait aidées à maintenir les positions qu’elles avaient occupées, ont également échoué.
Carte montrant la zone de Jebel Moya, perdue par les forces de soutien rapide.
La mise en œuvre du plan « B »
Les forces de soutien rapide sont actuellement engagées dans la mise en œuvre du plan « B », que Hamidti avait promis en octobre dernier après la perte de la zone stratégique de Jebel Moya dans l’État de Sinnar.
Selon les sources militaires, ce plan vise à épuiser et détruire les infrastructures de services. Cela inclut des frappes sur des stations électriques au barrage de Merowe, la station de Dongola au nord, la station de Chouk dans l’État de Gedaref, ainsi que la station de Merkhiyat au nord d’Omdourman. Les forces ont également ciblé le réservoir de Sinnar et la station d’Omdabakar dans l’État du Nil blanc, et ont incendié de grandes parties de la raffinerie de Jili après avoir été encerclées avant leur fuite de l’installation.
Le plan vise également à semer le découragement et la désillusion parmi les citoyens, en accusant l’armée de ne pas protéger les infrastructures de services et en perturbant la vie quotidienne pour inciter les Soudanais à demander des négociations avec les forces de soutien rapide, assurant ainsi leur avenir militaire et politique après la guerre.
La stratégie pour la ville de Fashir
Concernant Darfour, les sources militaires indiquent que les puissances régionales soutenant les forces de soutien rapide les ont pressées, depuis plusieurs mois, de prendre le contrôle de la ville de Fashir, menaçant de couper les approvisionnements en armes avancées et en drones via le Tchad et la Libye en cas d’échec.
Actuellement, les forces de soutien rapide exécutent une nouvelle phase pour s’emparer de Fashir après des tentatives répétées infructueuses, ayant recruté des milliers de mercenaires en provenance du Tchad et de Libye, dont certains ont été tués lors des récentes opérations désertiques, notamment Salah Hebri, cousin de l’ancien président tchadien Hissène Habré, selon ces sources.
Cependant, l’analyste politique Sibway Youssef estime que les forces de soutien rapide n’ont pas déclenché la guerre que l’armée se préparait à mener, créant une barrière de béton autour de leur quartier général au centre de Khartoum. Selon lui, un tiers aurait tiré la première balle.
Il a déclaré à Al Jazeera que les accusations contre les forces de soutien rapide concernant les frappes sur les stations électriques ne reposent pas sur des faits et visent à les criminaliser. Il a ajouté que si les forces de soutien rapide avaient prévu de frapper les stations, elles les auraient détruites totalement, alors que le bombardement a été limité et a été réparé dans un délai relativement court.
En ce qui concerne le retrait militaire des forces de soutien rapide au cours des dernières semaines des États de Sinnar et de Jazira jusqu’à Khartoum Nord, l’analyste politique souligne que les forces se sont retirées de manière tactique de certaines zones dans le but de se repositionner, ce qui ne constitue pas un signe de leur effondrement.