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Les enseignants LGBT+ en France face à l’insécurité et au harcèlement

by Sara
France

Le suicide de Caroline Grandjean, directrice d’école du Cantal victime de harcèlement homophobe, a ravivé le débat sur la protection des enseignants LGBT+ contre l’homophobie et le harcèlement à l’école, nombreux se disant encore insuffisamment soutenus par les institutions.

À Paris, enseignants LGBT+ et associations réclament davantage de protection

Vendredi soir, 100 à 200 personnes ont participé à un rassemblement à l’appel d’associations devant le ministère de l’Éducation, pour dénoncer la violence subie par les personnels scolaires LGBT+. D’autres rassemblements étaient prévus, notamment à Lyon samedi sous le mot d’ordre « Quand la lesbophobie tue, les pouvoirs publics ferment les yeux ».

Rassemblement contre l'homophobie Paris 5 septembre 2025
Rassemblement contre l’homophobie à Paris, le 5 septembre 2025

Pour Alexis Guitton, membre du Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire et universitaire, « Tous les personnels LGBTQIA+ de l’enseignement se sont sentis heurtés par l’histoire de notre collègue. Les moqueries et insultes, on les connait ». Selon lui, « La plupart des personnes ne préviennent pas » des discriminations subies ; elles « préfèrent rester dans le silence ».

Clémence Barland, 27 ans, enseignante et porte-parole du collectif les Féministes révolutionnaires, a déploré lors du rassemblement parisien: « Quand on est lesbienne, bi, gay, trans ou non-binaire dans l’Éducation nationale, on nous apprend dans la formation à ne pas le montrer: on ne doit pas le dire aux élèves, on doit le taire en salle des profs ». Elle estime que le climat est « plus délétère qu’il y a quelques années » et que « l’école, c’est un microcosme de la société. (…) Et aujourd’hui, la société est infusée par les idées d’extrême droite, très conservatrices ».

Le ministère de l’Éducation a indiqué avoir mis en place des formations volontaires pour prévenir les LGBTPhobies, lancé une campagne de communication et, depuis cette rentrée, renforcé l’accompagnement des personnels pour mieux identifier et gérer les situations de violence.

Témoignages d’enseignants et formes de violences signalées

Plusieurs témoignages récoltés par l’AFP illustrent des formes variées de harcèlement au sein de l’Éducation nationale. Mme Torlet raconte avoir « essuyé des critiques qui sont remontées jusqu’au rectorat pour dire que je ne faisais pas correctement mon travail ou que je mettais les élèves en danger », tout en ajoutant qu’elle a « eu la chance d’être protégée par (sa) hiérarchie » alors que certains collègues « vivent cachés ».

Sofiane, 38 ans, professeur de collège en Seine-Saint-Denis qui préfère garder l’anonymat, relate avoir déjà été « insulté frontalement par un élève, traité de pédé », et précise avoir été soutenu par sa cheffe de l’époque. « J’ai parfois des remarques d’élèves, ou même des questions franches et je réponds toujours que c’est ma vie privée », dit-il, estimant constater « beaucoup d’homophobie chez les élèves, mais aussi beaucoup plus d’ouverture chez certains: ça va dans les deux sens ».

Manifestation contre l'homophobie Paris 5 septembre 2025
Rassemblement contre l’homophobie à Paris, le 5 septembre 2025

Alexis Guitton rapporte aussi des propos sexistes ou lgbtiphobes tenus « ouvertement, régulièrement, sous couvert d’humour » dans certaines salles des profs. Il évoque des cas où des collègues ont reçu des insultes homophobes dans leur casier ; la « seule solution qui lui a été proposée, c’est la mutation ». Une mutation avait également été proposée à Caroline Grandjean, qu’elle a refusée, estimant que cela aurait été « une forme de défaite face aux messages homophobes et menaçants anonymes ».

Le Collectif décrit par ailleurs des difficultés administratives pour faire reconnaître certains droits sociaux : rapprochement familial, congé parental, etc., qualifiant ces obstacles de « violence institutionnelle ».

Chiffres, syndicats et exigences pour des dispositifs concrets

D’après le rapport annuel de SOS Homophobie, 25 % des appels reçus de la part de personnes subissant des violences ou discriminations anti-LGBT+ viendraient des personnels enseignants ; il n’existe toutefois pas de données officielles consolidées sur le sujet.

Aurélie Gagnier, porte-parole du syndicat du premier degré FSU-Snuipp, indique que « Le ministère commence tout juste à se pencher sur la question de la diversité en entamant des discussions pour la rédaction d’un plan ». Julia Torlet enjoint pour sa part: « Il faut travailler l’ensemble du système, les cellules de signalement, l’accès à la médecine du travail, à la psychologie du travail ».

Les associations et certains syndicats demandent des mesures concrètes et un soutien institutionnel accru pour que les personnels LGBT+ puissent signaler et voir prises en charge les violences et discriminations sans crainte de représailles ni d’isolement.

© 2025 AFP

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source:https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250905-homophobie-les-enseignants-lgbt-ne-se-sentent-pas-encore-assez-prot%C3%A9g%C3%A9s

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