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Gisèle Pelicot, procès en appel : la survivante de Mazan se rendra à Nîmes pour « expliquer qu’un viol est un viol, qu’il n’y a pas de petits viols », a indiqué son avocat Antoine Camus, alors qu’un seul des 51 accusés a finalement demandé l’appel de sa condamnation.
À Nîmes, le procès en appel de Gisèle Pelicot contre un seul accusé
Un an après le retentissement mondial du procès dit des « viols de Mazan », l’appel a été demandé par un seul des 51 prévenus. L’audience doit commencer le 6 octobre à Nîmes ; Gisèle Pelicot, 72 ans, a annoncé qu’elle se rendra au tribunal pour « aller au bout » de ce dossier. « Elle se serait bien passée de cette épreuve à nouveau » mais « elle vient pour expliquer qu’un viol est un viol, qu’il n’y a pas de petits viols », a déclaré à l’AFP Me Antoine Camus.
Contrairement au procès d’Avignon, où pendant quatre mois la victime faisait face quotidiennement à une cinquantaine d’hommes accusés, cette fois la salle n’accueillera que Husamettin D., l’unique appelant. L’homme, âgé de 44 ans et ouvrier du bâtiment, comparaîtra libre et le procès devrait durer trois ou quatre jours. Un de ses trois enfants, Florian, sera présent à ses côtés pour la soutenir, selon Me Camus.
Condamnations, positions et déroulement prévu
En première instance, la cour criminelle de Vaucluse avait condamné Husamettin D. à neuf ans de prison ; il avait bénéficié d’un mandat de dépôt différé pour raisons de santé. Lors du premier procès, il s’était défendu en déclarant : « Je ne suis pas un violeur, c’est un truc trop lourd à porter pour moi. C’est son mari, j’ai jamais pensé que ce type-là, il pouvait faire ça à sa femme ». Pour l’appel, son avocate Sylvie Menvielle a déclaré qu’il « entend maintenir son appel en intégralité, tant sur la question de sa responsabilité pénale que sur la peine », assistée par le pénaliste Jean‑Marc Darrigade.
Parmi les 51 accusés jugés à Avignon, 50 coaccusés avaient été reconnus coupables ; leurs âges allaient de 27 à 74 ans. Les peines prononcées allaient de trois ans de prison — dont deux avec sursis pour un retraité jugé seulement pour agression sexuelle — à 15 ans de réclusion criminelle pour un homme venu six fois violer Gisèle Pelicot. Dominique Pelicot, personnage central du dossier et ex‑mari de la victime, avait été condamné à 20 ans de prison ; il n’a pas fait appel et aura le statut de témoin lors du procès à Nîmes. Il sera extrait de sa prison, où il est maintenu à l’isolement, pour être entendu l’après‑midi du deuxième jour d’audience.
À l’issue du premier procès, l’avocate de Dominique Pelicot, Béatrice Zavarro, indiquait qu’« il n’est pas question pour Dominique Pelicot de changer d’optique ou de posture » ; elle rappelait que les premiers mots de son client à Avignon avaient été : « Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs ». Lors du procès initial, de nombreux prévenus avaient soutenu être manipulés par Dominique Pelicot, position que celui‑ci conteste farouchement.
Récit des faits et dimensions médiatique et associative
Gisèle Pelicot a raconté avoir été droguée aux anxiolytiques pendant une décennie par son ex‑mari, avec qui elle a partagé 50 ans de vie, puis violée par ce dernier et par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet, principalement dans leur maison de Mazan (Vaucluse). Husamettin D. a expliqué qu’il avait rencontré en décembre 2019 un homme se présentant comme membre d’un « couple libertin » dont la femme « ferait semblant de dormir ». Selon sa version, il ne se serait rendu compte de la gravité de la situation qu’en entendant des ronflements, après avoir agi sur le corps inerte de Mme Pelicot depuis au moins une demi‑heure ; il a dit être parti précipitamment sans alerter les autorités.
Pour le prochain procès, plus de 100 journalistes sont accrédités, signe de l’intérêt international suscité par l’affaire. Elle a alimenté des débats sur les violences sexuelles, le consentement, la soumission chimique et la définition juridique du viol. En renonçant à un huis clos à Avignon pour que « la honte change de camp », Gisèle Pelicot est devenue, sans le chercher, une figure fortement médiatisée : reconnaissable à son carré roux et à ses lunettes de soleil, son visage a été publié et affiché à l’étranger.
Début septembre, une coalition de 130 associations féministes, d’organisations de défense des droits des enfants, de syndicats et d’ONG rappelait : « Cette prise de conscience doit maintenant se traduire en actes. Car si la justice est passée à Mazan, c’est trop rarement le cas dans les affaires de violences sexuelles ». Le procès en appel à Nîmes constituera une nouvelle étape procédurale pour la victime et pour l’unique accusé ayant choisi de contester sa condamnation.