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Une réalité encore peu visible, mais de plus en plus documentée : les hommes, bien que moins nombreux que les femmes, sont également victimes de violences sexuelles, principalement durant leur enfance, selon une étude récente de l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Des chiffres qui relativisent la perception dominante
Selon cette étude fondée sur l’enquête Virage menée en 2015, 1,4 % des hommes déclarent avoir subi au moins une agression sexuelle, une tentative de viol ou un viol au cours de leur vie, contre 5,5 % chez les femmes. Ces chiffres, bien qu’inférieurs, attestent que la problématique concerne aussi cette population, souvent sous-représentée dans les données et les débats publics.
Une vulnérabilité accrue durant l’enfance
La majorité des victimes masculines ont subi ces violences lorsqu’ils étaient encore mineurs : 82 % ont été agressés durant leur enfance, principalement avant l’âge de 14 ans. La période la plus sensible se situerait entre 0 et 9 ans, avec un tiers des agressions ayant lieu avant l’âge de 10 ans. Cette vulnérabilité précoce s’explique notamment par la proximité avec l’entourage familial ou éducatif, qui reste la principale source d’agresseurs connus.
Les lieux et auteurs principaux
Les agressions sont majoritairement perpétrées par des hommes : 83 % des victimes déclarent avoir été agressées par un ou plusieurs hommes, 13 % par des femmes, et 4 % par des personnes des deux sexes. La majorité de ces violences (43 %) ont lieu au sein de la famille ou dans l’entourage proche. Durant l’adolescence, les lieux se déplacent vers le milieu scolaire et les activités de loisirs, amplifiant la diversité des situations.
Une dynamique de réponse différente selon le genre
Les victimes masculines rencontrent souvent des obstacles pour dénoncer ces violences. Pourtant, lorsque ces hommes en parlent à l’âge adulte, l’entourage tend à être plus crédible face à eux, contrairement à ce qui peut se produire chez les femmes. De plus, ils bénéficient généralement d’un soutien plus massif, ce qui atténue souvent l’impact à long terme des traumatismes subis, relate l’autrice de l’étude, Lucie Wicky.
Les conséquences et enjeux
Malgré une visibilité accrue ces dernières années, notamment par le biais du hashtag #Metoogarçons lancé en 2024, les violences sexuelles sur les hommes restent peu documentées, mais leur gravité est pourtant indéniable. Ces violences peuvent entraîner de graves troubles psychologiques, des problèmes de santé, des comportements addictifs ou des troubles de la sexualité.
Ce sujet, longtemps considéré comme marginal, devient désormais un enjeu majeur pour la société, qui doit continuer à défaire les tabous et améliorer la prise en charge des victimes, quel que soit leur genre.