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Turquie : Justice envisagée pour annuler le congrès du principal parti d’opposition

by Sara
Turquie : Justice envisagée pour annuler le congrès du principal parti d’opposition
Turquie

La justice turque doit se prononcer, lors d’une audience prévue ce lundi, sur la possible annulation du congrès du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition en Turquie. L’accusation portée contre le parti est celle de « fraude », une procédure qui pourrait entraîner la destitution du dirigeant actuel, Özgür Özel.

Le précédent président du CHP, Kemal Kılıçdaroğlu, a exprimé sa volonté de reprendre la direction du parti si la justice décidait de destituer Özel. Cette déclaration a provoqué une vive réaction au sein du parti. Parmi les voix critiques, celle d’Ekrem İmamoğlu, maire d’Istanbul incarcéré, qui a déclaré : « Je ressens une profonde trahison. Je ne peux pas tolérer ces propos alors que de nombreuses personnes sont emprisonnées. »

Burak Esen, professeur en sciences politiques à l’Université Sabancı d’Istanbul, a estimé que « Kılıçdaroğlu est un homme politique qui laissera une très mauvaise empreinte. Certains l’accusent de travailler pour le parti au pouvoir, l’AKP. À mon avis, son ambition est sans limites. Il collabore avec un régime autoritaire pour récupérer la direction du parti. »

Esen a également souligné qu’il ne pensait pas que Kılıçdaroğlu resterait longtemps à la tête du CHP. Cependant, il a averti que si ce processus s’étalait sur une année, cela permettrait au gouvernement de modifier la constitution, ce qui représenterait une catastrophe pour l’opposition.

Cette situation pourrait provoquer une nouvelle vague de manifestations, avec des retombées économiques et politiques pour un gouvernement décidé à poursuivre sa stratégie jusqu’au bout. Selon des experts, cette initiative judiciaire vise à mettre la pression sur le CHP, qui avait organisé de vastes protestations en mars dernier.

Une enquête a été ouverte en février 2025 concernant des accusations de corruption lors du congrès, notamment des allégations selon lesquelles certains délégués auraient voté pour la nouvelle direction en échange de bénéfices. Le parti a nié ces accusations. Özgür Özel avait été élu lors de ce congrès, qui s’est tenu en novembre 2023.

Outre Özel, plusieurs responsables du CHP, dont Ekrem İmamoğlu, sont accusés de « fraude » et risquent jusqu’à trois ans de prison ainsi que l’inéligibilité politique, selon les médias turcs.

Un parti divisé face à la crise

Burak Esen considère cette affaire comme une tentative de restructuration du CHP pour créer une opposition contrôlée par un gouvernement de plus en plus autoritaire. Il a indiqué que « cela provoquera une division au sein du parti, en imposant un leader faible et rejeté par les électeurs. »

Certains observateurs estiment qu’une opposition plus souple pourrait offrir à Recep Tayyip Erdoğan une plus grande marge de manœuvre dans le processus de paix en cours avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), désigné comme « organisation terroriste » par Ankara.

Cette dynamique s’inscrit également dans le contexte d’une éventuelle réforme constitutionnelle, visant à permettre à Erdoğan de briguer un troisième mandat présidentiel. Pour modifier la constitution, le président turc doit obtenir le soutien de l’opposition, car même avec le soutien de son principal allié nationaliste, Devlet Bahçeli, il ne dispose pas des 400 députés nécessaires pour adopter la réforme directement au parlement, ni des 360 députés requis pour soumettre la question à un référendum.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/6/29/%d8%a7%d9%84%d9%82%d8%b6%d8%a7%d8%a1-%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%b1%d9%83%d9%8a-%d9%8a%d9%86%d8%b8%d8%b1-%d9%81%d9%8a-%d8%a5%d9%84%d8%ba%d8%a7%d8%a1-%d9%85%d8%a4%d8%aa%d9%85%d8%b1-%d8%a3%d9%83%d8%a8%d8%b1

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