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Rythmes scolaires : enjeux et coûts pour la France

by Sara
Rythmes scolaires : enjeux et coûts pour la France
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La France trouvera-t-elle la bonne mesure pour les rythmes scolaires ? Dix ans après l’instauration de la semaine de quatre jours et demi, les collectivités redoutent de devoir encore payer la facture d’une réforme.

Objectif de la réforme

« Faire en sorte que l’organisation des journées de nos élèves soit plus favorable à leur développement et aux apprentissages, qu’un équilibre soit trouvé aussi pour faciliter la vie des familles », tel est l’objectif qu’a donné Emmanuel Macron à la Convention citoyenne sur les temps scolaires, qui débutera demain au Conseil économique, social et environnemental (Cese).

« Ce n’est pas le sujet majeur pour l’école en ce moment, alors que les situations de violence se multiplient et que peu de choses sont faites pour rendre l’école davantage inclusive », refroidit d’emblée Guislaine David, cosecrétaire générale du Snuipp-FSU, le syndicat majoritaire des enseignants du premier degré. « Et on ne peut pas parler des rythmes des enfants sans parler des rythmes de la société. »

Coûts croissants des rythmes scolaires

En 2008, le ministre Xavier Darcos avait instauré la semaine de quatre jours dans les écoles maternelles et primaires, mettant fin à l’école le samedi matin et réduisant le temps scolaire de 26 à 24 heures par semaine. À l’époque, les collectivités y étaient favorables, permettant d’économiser sur les frais de chauffage, de transport scolaire et de cantine.

Avec la semaine de quatre jours et demi, il a fallu remettre des transports, de la cantine, du chauffage, de l’éclairage et des animateurs.

Cinq ans plus tard, les rythmes s’étirent à nouveau, avec la volonté de Vincent Peillon de revenir à la semaine de quatre jours et demi, entraînant une augmentation des coûts liés aux transports, à la cantine, au chauffage et aux ressources humaines.

Une étude publiée en 2020 par Aurélie Martin-Cassette et Etienne Farvaque, professeurs d’économie à l’université de Lille, a montré que les dépenses de fonctionnement des communes de plus de 3 500 habitants ayant appliqué la réforme dès 2013 ont vu le coût annuel par élève augmenter de plus de 177 euros en moyenne. Pour celles qui l’ont adoptée en 2014, ce coût a atteint près de 211 euros. Avant la réforme, le montant moyen était d’un peu plus de 1 000 euros.

« Les communes avaient le choix de faire tout de suite ou attendre un an. Celles qui ont sauté le pas dès 2013 disposaient d’un mode d’organisation du périscolaire permettant de l’intégrer à moindre coût, tandis que celles de 2014 étaient moins bien préparées », détaille Aurélie Martin-Cassette.

Financement des activités périscolaires

Pour financer les activités périscolaires, les communes pouvaient demander aux familles une participation financière, tout en bénéficiant d’une aide forfaitaire de la caisse d’allocations familiales, plafonnée à 54 euros par enfant et par an. Un fonds d’amorçage de la réforme avait également été créé par l’État, d’un montant compris entre 50 et 90 euros annuels par enfant.

Les bienfaits des quatre jours et demi

Face au mécontentement persistant, Benoît Hamon, successeur de Vincent Peillon en 2014, avait ouvert la possibilité d’organiser les emplois du temps selon huit demi-journées d’école, suivies d’une demi-journée consacrée aux activités périscolaires facultatives. Dès 2017, Jean-Michel Blanquer avait permis aux communes de revenir à la semaine de quatre jours.

Résultat : « Environ 90 % des écoles sont repassées à la semaine de quatre jours », estime Frédéric Leturque, maire d’Arras et coprésident de la commission Éducation de l’Association des maires de France (AMF). Seules quelques grandes villes comme Paris, Rennes, Toulouse ou encore Poitiers ont maintenu les quatre jours et demi.

Bien que nombre de communes aient abandonné la semaine de quatre jours, les activités périscolaires continuent de peser lourdement sur elles.

Dix ans après la réforme Peillon, les activités périscolaires continuent de peser lourdement sur les finances des communes. Une enquête réalisée par l’AMF estime qu’une fois déduites les différentes aides financières, le coût s’élève à 362 euros pour les communes et 354 euros pour les intercommunalités qui mutualisent certains frais. De plus, beaucoup de communes, surtout en zones rurales, sont confrontées à une pénurie de personnel.

Des rapports scientifiques ont montré les bienfaits de la semaine de quatre jours et demi pour les élèves, qui sont plus aptes à se concentrer durant les matinées. En juin 2018, un groupe de travail du Sénat dressait un bilan positif de la réforme, tout en regrettant une mise en œuvre précipitée.

Vers l’avenir des rythmes scolaires

Difficile de voir quelles solutions seront envisagées à ce stade, d’autant que toucher aux temps des collèges et lycées impacterait aussi les régions et les départements. L’épineuse question des rythmes scolaires ne trouvera pas de réponses faciles demain.

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