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Les rayons des supermarchés sont envahis par des yaourts, crèmes, glaces et même saucissons mettant en avant leur richesse en protéines. Mais ces produits hyperprotéinés ont-ils vraiment l’intérêt qu’on leur prête ?
Qu’est-ce qu’une protéine ?
Les protéines sont l’une des trois grandes familles de macronutriments, aux côtés des glucides et des lipides. Elles se composent de chaînes d’acides aminés, des molécules organiques simples qui, une fois assemblées, confèrent des propriétés chimiques et fonctionnelles aux protéines. Parmi les 20 acides aminés qui composent les protéines de la plupart des êtres vivants, 9 ne peuvent pas être synthétisés en quantité suffisante par notre organisme et doivent donc être apportés par l’alimentation.
Présentes dans toutes les cellules, les protéines jouent des rôles cruciaux : certaines soutiennent la structure des tissus, tandis que d’autres exercent une activité biologique, comme les enzymes et les hormones, qui participent à diverses fonctions corporelles.
Peut-on manquer de protéines ?
Une carence en protéines peut avoir des conséquences graves, notamment chez certaines populations vulnérables comme les personnes âgées ou les patients atteints de maladies graves. Cependant, « en France, il n’y a pas de carences en protéines », affirme Violette Babocsay, diététicienne à Aix-en-Provence. La majorité de la population dépasse déjà largement les recommandations, fixées entre 0,8 et 1 gramme par kilo de poids corporel.
Les protéines devraient représenter environ 15 % de l’apport énergétique total. Une consommation excessive peut entraîner des risques pour la santé, notamment des problèmes rénaux et des cancers. L’Anses recommande des apports variant entre 0,83 et 2,2 g/kg/j pour un adulte, alors que les femmes enceintes et allaitantes devraient viser entre 1 et 1,2 g/kg/j.
Les produits hyperprotéinés ont-ils vraiment un intérêt ?
Pour les industriels, la réponse est clairement affirmative. Le chiffre d’affaires des produits hyperprotéinés aurait bondi, passant d’environ 70 millions d’euros en 2020 à plus de 380 millions d’euros en 2024. « C’est assez considérable et la gamme continue de se développer : saucisson Justin Bridou, fromage Babybel, pâtes Carrefour… Il y a un véritable engouement des industriels et des consommateurs », souligne Matteo Neri, directeur d’études chez Xerfi.
Cependant, du point de vue de la santé, la situation est moins claire. Les produits présentés comme hyperprotéinés se distinguent souvent davantage par leur marketing que par leur contenu réel. Par exemple, pour rendre leurs produits plus attirants, certains industriels réduisent la teneur en matières grasses, augmentant ainsi la proportion de protéines sans réelle valeur ajoutée sur le plan nutritionnel. Violette Babocsay insiste : « Il faut vraiment s’intéresser aux valeurs nutritionnelles » pour comprendre que les différences sont parfois minimes.
Peut-on trouver l’équivalent dans des produits moins chers ?
Oui, de nombreux produits courants sont naturellement riches en protéines. Un régime équilibré fournit généralement une quantité suffisante de protéines. Les produits comme le lait, le blanc d’œuf, le poisson et la viande en sont de bonnes sources, tout comme les légumineuses et les céréales pour les protéines d’origine végétale.
De plus, certains produits qualifiés d’hyperprotéinés ne sont pas nécessairement plus riches en protéines que d’autres options moins coûteuses. Prenons l’exemple du skyr, un produit laitier d’origine islandaise qui coûte jusqu’à 8 ou 9 euros le kilo, contenant 10 g de protéines pour 100 g, autant que le petit-suisse, qui est trois fois moins cher !
Mon médecin m’a prescrit des compléments nutritionnels, puis-je les remplacer par des produits de supermarché ?
Non, les compléments nutritionnels oraux (CNO) sont spécialement formulés pour les personnes dénutries et ne peuvent pas être remplacés par les produits disponibles en supermarché. Ces derniers, souvent moins riches en glucides et lipides, sont également plus difficiles à digérer. Les CNO, pris en charge par la Sécurité sociale, sont adaptés à des besoins spécifiques, notamment après une chirurgie ou pour les personnes âgées.