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Définition : qu’est-ce qu’un ulcère de la cornée ?
La cornée est une membrane transparente qui recouvre la partie antérieure de l’œil, devant l’iris et la pupille. « C’est le premier hublot transparent qu’on a devant l’œil », résume le Dr Vincent Dedes. « De forme convexe, la cornée joue un rôle de barrière naturelle, filtre une partie des UV et focalise les rayons lumineux vers le cristallin et la rétine. »
L’ulcère cornéen se caractérise par une lésion de la cornée. « C’est une perte de substance, » explique l’ophtalmologiste. « La cornée a la particularité d’être un tissu avasculaire et extrêmement innervé, ce qui explique pourquoi une ulcération est très douloureuse ! »
Ulcère à l’œil vs kératite : quelle est la différence ?
La kératite est une ulcération superficielle de la cornée.
« La frontière entre kératite et ulcère est très mince. La kératite est une atteinte des couches épithéliales, c’est-à-dire les couches superficielles de la cornée, tandis que l’ulcère peut être plus ou moins profond. »
Dr Vincent Dedes, chirurgien ophtalmologue.
Un ulcère cornéen peut affecter les différentes couches de la cornée :
- l’épithélium cornéen, la couche superficielle ;
- la membrane de Bowman ;
- le stroma, qui constitue 90 % de l’épaisseur totale de la cornée ;
- la membrane de Descemet, support de l’endothélium cornéen ;
- et l’endothélium, la couche la plus interne.
La gravité de l’ulcère dépend de l’étendue des dommages. « Si l’atteinte concerne la membrane de Descemet, on parlera de descemetocèle, un ulcère cornéen très profond, et de perforation lorsque l’ulcération atteint l’endothélium. »
Douleur, photophobie, larmoiement : quels sont les symptômes d’un ulcère cornéen ?
En général, un ulcère cornéen est très douloureux et nécessite une prise en charge rapide. Il se manifeste par les symptômes suivants :
- douleur intense, sensation de brûlure ou de corps étranger dans l’œil ;
- sensibilité à la lumière (photophobie) ;
- larmoiement excessif ;
- rougeur oculaire ;
- voire une baisse de l’acuité visuelle.
Quelles sont les causes des ulcères oculaires ?
Les causes d’un ulcère de la cornée sont multiples : celui-ci peut être d’origine infectieuse (par exemple kératite herpétique), traumatique (griffure de chat, brûlure…) ou lié à une maladie sous-jacente comme le diabète ou le syndrome sec.
Une origine traumatique
Les traumatismes de la cornée sont fréquents et très douloureux. « Un traumatisme de la cornée peut engendrer un ulcère qui se traduira par de fortes douleurs et une photophobie, » décrit le spécialiste. « Lorsqu’un patient vient nous consulter après un impact direct ou une projection de produit chimique, on vérifie que la plaie est superficielle et non perforante. En général, on prescrit un lubrifiant ainsi qu’un cicatrisant. »
Une origine infectieuse
Un ulcère cornéen peut également être causé par une infection bactérienne, virale (notamment kératite herpétique), fongique ou parasitaire (Acanthamoeba). « Les kératites herpétiques, liées au virus de l’herpès, peuvent se transformer en ulcère herpétique, » indique le Dr Vincent Dedes. « Souvent, les lésions ont une forme particulière – une ulcération dendritique dans le jargon – et le traitement repose sur la prescription d’un antiviral local. »
Une maladie sous-jacente : diabète, syndrome sec
Plusieurs maladies sous-jacentes peuvent favoriser la formation d’un ulcère cornéen en fragilisant la cornée ou en diminuant sa capacité à se défendre contre les infections. « Certains patients ont un film lacrymal de mauvaise qualité : soit un manque de larmes, soit une qualité lacrymale insuffisante. Cette sécheresse oculaire entraîne une irritation chronique qui peut évoluer vers une kératite, puis un ulcère, » précise le Dr Vincent Dedes.
« En général, la kératite étant douloureuse, les personnes consultent avant le stade de l’ulcère. Toutefois, en vieillissant, la qualité des larmes ainsi que la sensibilité cornéenne diminuent, retardant la prise en charge. La kératite peut alors se transformer en ulcère trophique, une pathologie grave nécessitant un traitement rapide pour éviter la progression vers le stroma et la perforation cornéenne. »
Enfin, le diabète, un déficit immunitaire (VIH), certaines pathologies auto-immunes (comme la polyarthrite rhumatoïde) ou une carence en vitamine A peuvent également favoriser la formation d’un ulcère cornéen.
Ulcération à l’œil : quels sont les facteurs de risque ?
Plusieurs facteurs augmentent la vulnérabilité de la cornée aux infections et traumatismes, notamment le port de lentilles de contact.
Les porteurs de lentilles de contact
« Le port de lentilles peut provoquer des micro-lésions de l’épithélium et favoriser une infection (kératite infectieuse) qui peut évoluer en ulcère et se compliquer d’abcès de cornée, » souligne le Dr Vincent Dedes. « D’où l’importance de respecter strictement les règles d’hygiène : se laver soigneusement les mains avant de manipuler les lentilles, ne jamais les nettoyer à l’eau, renouveler la solution d’entretien quotidiennement et remplacer régulièrement l’étui. »
Ulcère cornéen : comment le diagnostiquer ?
Le diagnostic repose principalement sur l’examen clinique à la lampe à fente. Une coloration à la fluorescéine, un colorant appliqué sur l’œil, permet de mettre en évidence les lésions cornéennes. L’ophtalmologiste peut aussi réaliser une tomographie par cohérence optique pour analyser les différentes couches de la cornée.
Traitement : comment soigner un ulcère de la cornée ?
Le traitement dépend de la cause et de la gravité de l’ulcère. « Les ulcères d’origine traumatique ou infectieuse se traitent principalement grâce à l’instillation de collyres adaptés (antibiotiques, antiviraux ou antifongiques), accompagnés de cicatrisants pour favoriser la régénération cornéenne, » détaille le Dr Vincent Dedes.
Il ajoute : « En cas de kératites herpétiques récidivantes, un antiviral préventif par voie orale peut être prescrit pour diminuer la fréquence des récidives. »
Lorsque l’ulcère est sévère avec perforation ou cicatrices importantes, une greffe de membrane amniotique ou une greffe de cornée peut être nécessaire pour restaurer la transparence oculaire.
Taie cornéenne : quelles sont les complications possibles d’un ulcère de la cornée ?
Si l’atteinte de la cornée est superficielle, la guérison s’effectue généralement de façon transparente. « En revanche, quand l’infection s’étend en profondeur, notamment en rompant la membrane de Bowman, la cicatrisation est moins bonne et une taie cornéenne peut apparaître – c’est une tache opaque séquellaire, » précise le spécialiste.
Dans ces cas, un traitement chirurgical, souvent une greffe de cornée, est nécessaire pour redonner une transparence à l’œil et améliorer la vision.