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Veto russe sur le projet de résolution britannique concernant le Soudan
La Russie a rejeté, lundi soir, un projet de résolution britannique au Conseil de sécurité qui appelait à un cessez-le-feu au Soudan. Quatorze membres ont soutenu ce projet, mais il a été bloqué par le veto de l’ambassadeur russe Dmitri Polyanski, entraînant de vives critiques et des échanges houleux avec des représentants des États-Unis, notamment Linda Thomas-Greenfield et le Royaume-Uni représenté par Barbara Woodward.
Le projet de loi, proposé par le Royaume-Uni et la Sierra Leone, comprenait 15 points visant à mettre fin immédiatement aux hostilités, à engager un dialogue pour convenir d’une cessation des conflits, à garantir la protection des civils, à arrêter la violence sexuelle et à permettre un accès humanitaire sans entrave à travers le pays. Il prévoyait également d’éviter toute ingérence extérieure susceptible d’aggraver le conflit et l’instabilité.
Réactions à la décision russe
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a salué le veto russe, affirmant dans un communiqué que « le gouvernement soudanais se réjouit de l’utilisation par la Russie fédérale de son droit de veto, et loue la position russe qui exprime un engagement envers les principes de justice, le respect de la souveraineté des États, le droit international, ainsi que le soutien à l’indépendance et à l’unité du Soudan et de ses institutions nationales ».
Un débat en cours
Bien que le projet de résolution n’ait pas été adopté par le Conseil de sécurité, il continue de susciter de vives discussions concernant ses objectifs et les pressions potentielles sur l’armée soudanaise et les forces de soutien rapide pour qu’elles respectent les termes du projet. Ce n’est pas la première fois qu’un projet de résolution similaire est soumis au Conseil de sécurité concernant le Soudan.
Selon Abdelmutalib Siddiq, maître de conférences à l’Université du Qatar, le projet de résolution a suscité de nombreux débats en raison des tentatives britanniques répétées de soutenir les forces de soutien rapide. Il a indiqué que le projet avait légèrement atténué son alignement avec les intérêts des forces de soutien rapide dans l’espoir d’obtenir un soutien international pour des mesures plus strictes contre l’armée soudanaise et le gouvernement.
- Premièrement : Le projet a été présenté de manière diplomatique et dissimulée, affirmant son soutien à l’accord de Djeddah, ce qui n’était pas le cas dans les décisions précédentes du Royaume-Uni et de ses alliés concernant le Soudan.
- Deuxièmement : Le projet contenait une condamnation explicite des forces de soutien rapide, notamment à Darfour et dans la région de la Jazeera, en raison des crimes croissants commis par ces forces.
- Troisièmement : La condamnation s’est aussi appliquée à l’armée soudanaise, et le langage du projet de résolution a changé pour revenir à une terminologie qui égalise les deux parties, en utilisant le terme « les deux parties en conflit ».
- Quatrièmement : Le projet se présentait sous le couvert de l’aide humanitaire, mais visait en réalité à établir une solution politique qui préserverait la structure des forces de soutien rapide.
- Cinquièmement : Le projet a été élaboré à la hâte pour prévenir un engagement accru des forces de soutien rapide dans davantage de crimes, ce qui compliquerait toute solution favorable pour les alliés internationaux.
Contexte du conflit
Depuis la mi-avril 2023, une guerre a éclaté entre l’armée soudanaise, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, et les forces de soutien rapide, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo (Hemedti).
Au début de ce mois, la représentante britannique auprès des Nations Unies, alors que le Royaume-Uni présidait le Conseil de sécurité ce mois-ci, a déclaré que « 19 mois après le début de la guerre au Soudan, les deux parties commettent des violations flagrantes des droits de l’homme, y compris des viols généralisés ».
Le conseiller de l’ancien président soudanais, Amin Hassan Omar, a estimé que même si le projet britannique était modifié pour séduire le gouvernement et les forces politiques, son objectif reste le même : légitimer les milices et réserver un rôle prépondérant à l’opposition politique soudanaise dans le futur.
Un projet de résolution contesté
Le projet de résolution, que la Russie a opposé son veto, n’est pas la première tentative visant à instaurer un cessez-le-feu au Soudan. Le spécialiste en géopolitique Abdel Rahman Abdullah Mohammed a déclaré que ce projet n’aurait pas d’impact réel sur le terrain, car la crise soudanaise a été traitée de différentes manières et à travers divers forums. De nombreuses résolutions ont été prises, qu’elles soient internationales, britanniques, américaines ou européennes, mais elles ont toutes échoué.
Il a également souligné que le discours international décrit toujours le conflit comme une crise entre l’armée soudanaise et les forces de soutien rapide, ce qui brouille les responsabilités. « L’armée soudanaise n’a pas commis d’abus, ce sont les forces de soutien rapide qui ont agi de manière débridée », a-t-il ajouté, critiquant la manière dont les deux parties sont souvent mises sur un pied d’égalité.
Conséquences humanitaires
Il existe d’autres facettes au projet de résolution concernant l’ouverture des corridors humanitaires et l’accès des organisations d’aide à toutes les zones du Soudan. Cela vise à atténuer la souffrance humanitaire et à interdire toute ingérence régionale ou internationale dans les affaires soudanaises, ainsi qu’à stopper l’approvisionnement en armes aux belligérants.
Le militant soudanais Mohamed Taha estime que le projet de résolution pourrait avoir un impact significatif sur le conflit au Soudan en réduisant les souffrances humanitaires, en diminuant les opérations militaires et en facilitant des négociations directes sous médiation internationale.
Depuis le début du conflit, environ 11,3 millions de personnes ont été déplacées, dont près de 3 millions ont quitté le Soudan, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui décrit la situation comme une « catastrophe » humanitaire. Environ 26 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.