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Réunie jeudi à Lausanne, l’assemblée générale de la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN) s’est tenue dans un contexte tendu, marqué par des bateaux Belle Époque cloués à quai, une convention transfrontalière fragilisée du côté français, et un plan stratégique de 500 millions d’euros encore en débat. Son président, Benoît Gaillard, se veut néanmoins confiant.
Une assemblée générale attendue
Les actionnaires de la CGN se sont réunis jeudi matin à Lausanne pour une assemblée générale particulièrement attendue. Les derniers mois ont été éprouvants pour la compagnie.
« C’est incontestable, on cumule les difficultés », a déclaré Benoît Gaillard, le président du conseil d’administration de la CGN, au micro du 19h30. Malgré tout, il se veut rassurant.
Un contexte difficile
Il y a d’abord eu un accident impliquant le bateau le Simplon, suivi de plusieurs avaries sur les bateaux Belle Époque, entraînant des annulations sur la Riviera et à Genève. Parallèlement, la convention sur les lignes transfrontalières est remise en cause côté français, et le vaste plan stratégique de 500 millions d’euros peine à convaincre les cantons actionnaires.
Deux temporalités pour le plan stratégique
Concernant le plan stratégique de 500 millions d’euros, dont 150 millions seront consacrés à la remise en état des bateaux Belle Époque, Benoît Gaillard précise : « Il y a deux temporalités. D’abord, celle de la réparation et de la maintenance des bateaux actuellement immobilisés. Ce sont des projets en cours, le chantier fourmille d’activités, et ils sont déjà financés. »
Il ajoute : « Ensuite, il y a un deuxième temps, à plus long terme, sur quinze ans. Nous avons souhaité poser les choses tranquillement, mais clairement : lorsqu’on veut conserver une flotte qui a déjà 100 ou 120 ans, pour encore, je l’espère, plusieurs décennies — voire un siècle — cela a un coût. Il faut parfois engager de grands cycles de rénovation et faire passer ces bateaux par des restaurations patrimoniales complètes. »
Benoît Gaillard reconnaît que le montant total peut inquiéter. « Il y a un vrai potentiel de développement du transport public entre les deux rives du lac », insiste-t-il, tout en tenant compte de l’aspect touristique. « À sa fondation, au XIXe siècle, on prenait le bateau pour se déplacer. Aujourd’hui, nous sommes devenus une entreprise touristique. L’objectif est de faire cohabiter ces deux dimensions. »
Le choix de l’innovation
Un autre sujet crucial est celui des Navis Express, ces nouveaux bateaux à propulsion plus écologique mis en service en décembre dernier. En cas de mauvais temps, ils ont des difficultés à accoster à Évian. Benoît Gaillard admet le problème, mais relativise : « Nous avons fait le choix de l’innovation : ces bateaux consomment 35% de carburant en moins. »
« Aujourd’hui, notre système est fiable à 99%. Lorsqu’un bateau ne peut pas naviguer, un autre prend le relais », assure-t-il. Il souligne également que la CGN procède à des ajustements techniques, en accord avec les pratiques mondiales. « Les défauts se corrigent au fil du temps. Et la demande reste forte : on nous demande surtout d’en faire plus. »
Une situation maîtrisée
Quoi qu’il en soit, la CGN n’a pas besoin d’être sauvée. « Nous ne sommes pas dans une situation de ‘grounding’ », a souligné Marc-Olivier Buffat, administrateur du groupe CGN SA. « Il y a eu quelques propos alarmants qui ont alarmé et qui nous ont alarmé. Mais c’est vrai qu’au niveau comptable, le budget d’exploitation remplit parfaitement ses fonctions. »
Quant à l’avenir de la CGN, il reste optimiste, citant une fréquentation en constante augmentation. « Il y a, d’un côté, le transport touristique, avec ses propres logiques, notamment les bateaux Belle Époque, et de l’autre, le transport public. Dans les deux cas, on observe une donnée essentielle : la forte fréquentation. La demande est bien réelle, en particulier sur les lignes transfrontalières, où plus de 3000 personnes effectuent un aller-retour quotidien, un chiffre en constante augmentation. »