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Enlèvements d’enfants ukrainiens : une estimation alarmante

by Sara
Enlèvements d'enfants ukrainiens : une estimation alarmante
France, Ukraine, Russie

Alors que la guerre en Ukraine s’enlise, un drame silencieux se joue loin des lignes de front : l’enlèvement des enfants ukrainiens. Selon une équipe d’experts américains de l’université de Yale, jusqu’à 35 000 d’entre eux seraient retenus en Russie ou dans des territoires occupés. Une réalité niée par Moscou, qui évoque une « mise en scène » orchestrée par Kiev lors des pourparlers de cessez-le-feu en Turquie ce mois-ci et rejette toute demande de libération.

Seuls 1 366 d’entre eux ont regagné l’Ukraine

Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, des milliers d’enfants ukrainiens ont pourtant été arrachés à leur famille. Certains ont perdu leurs parents sous les bombes, d’autres ont été séparés de force dans des « camps de filtration ». Seuls 1 366 d’entre eux ont pu regagner l’Ukraine, selon l’organisation Bring Kids Back. Un chiffre dérisoire comparé aux 35 000 enfants que les chercheurs de Yale estiment toujours retenus en territoire russe.

Dans cette enquête, Oleksandr, 12 ans, explique n’avoir survécu que grâce au courage de sa grand-mère. Blessé à l’œil et séparé de sa mère par les autorités russes, il a été transféré à Donetsk. Sans un appel miraculeux et un périple épuisant, il aurait probablement disparu lui aussi dans le système opaque de « protection de l’enfance » russe.

Une stratégie délibérée

Des investigations menées par le Humanitarian Research Lab de l’université de Yale montrent qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. À l’aide d’images satellites, de bases de données russes et de témoignages, les chercheurs ont mis au jour une stratégie délibérée : adoption illégale, endoctrinement, interdiction de parler ukrainien, enseignement de la propagande. « C’est la plus grande opération d’enlèvement d’enfants en temps de guerre depuis la Seconde Guerre mondiale », affirme Nathaniel Raymond, directeur du laboratoire de Yale.

Ce phénomène n’est pas nouveau. Des précédents avaient été observés dès 2014 lors de l’annexion de la Crimée. Selon Daria Kasyanova, militante des droits de l’enfant, déjà à l’époque, plusieurs milliers de mineurs avaient été déplacés.

Effacer l’identité ukrainienne

Les enfants sont envoyés dans des camps militaires, adoptés, ou placés dans des familles d’accueil russes. Certains finissent embrigadés dans des programmes de jeunesse paramilitaires. Le Kremlin nie, mais multiplie les obstacles : il refuse de transmettre les listes d’enfants, modifie leur identité, efface les preuves.

Dans les territoires occupés, la russification bat son plein. De nombreux enfants témoignent avoir été contraints de suivre une formation militaire, de chanter l’hymne russe, ou encore d’être punis pour avoir parlé ukrainien. « Les drapeaux tricolores ont envahi les murs de l’école, comme les portraits de Poutine et Medvedev. Une fois par semaine se tient la ‘conversation sur les choses importantes' », raconte Denys, un adolescent qui vivait avec sa mère dans une ville du nord de Louhansk. « Nous avons dû accrocher de nombreux posters des héros de l’opération spéciale militaire. Ils ont présenté des groupes comme la Jeune Garde ou le Mouvement des premiers. Ils nous obligeaient aussi à hisser le drapeau russe », poursuit-il.

Le but est clair : effacer l’identité ukrainienne. « Pour Poutine, il ne suffit pas d’occuper les terres, il faut aussi occuper les esprits », rappelle Mykola Kouleba de l’association Save Ukraine. Une situation qui inquiète les ONG selon lesquelles la déportation ne vise pas seulement à rompre les liens familiaux, mais aussi à façonner une future génération de citoyens loyaux au Kremlin.

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