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Le cas de Christophe Gleizes, journaliste sportif français, fait les gros titres en Algérie où il a été condamné à une peine de sept ans de prison ferme, une décision qualifiée d’« ubuesque » par ses défenseurs. Ce journaliste de 36 ans, collaborateur de magazines tels que So Foot et Society (groupe So Press), a été arrêté en mai 2024 lors d’une visite en Algérie, en raison de soupçons liés à ses contacts avec des figures associées à la cause indépendantiste kabyle.
Une condamnation controversée dans un contexte politique tendu
Le tribunal de Tizi Ouzou a condamné Christophe Gleizes le 29 juin pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national ». La justice algérienne rappelle que l’arrestation est survenue après une période de contrôle judiciaire de 13 mois, durant laquelle le journaliste a été placé en détention provisoire sans preuves concrètes. L’avocat du journaliste, Salah Brahimi, annonce qu’un appel sera déposé dès le 2 juillet afin de faire rejuge l’affaire, mais la procédure risque de durer plusieurs mois, avec un nouveau procès prévu en octobre prochain.
Les faits et la polémique entourant cette condamnation
Selon RSF (Reporters sans frontières), Christophe Gleizes aurait été arrêté pour avoir effectué des reportages sur le club de football JSK de Tizi Ouzou, notamment lors d’un déplacement en mai 2024. La controverse réside dans le fait que ses contacts avec des responsables du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé organisation terroriste depuis 2021, ont été interprétés à tort comme des preuves d’activité subversive. RSF et ses proches insistent sur le caractère injustifié de l’accusation, soulignant que les échanges entre Gleizes et certains contacts datent de plusieurs années, avant la classification du MAK en organisation terroriste.
Contexte diplomatique et enjeux géopolitiques
Ce verdict survient dans un contexte diplomatique tendu entre la France et l’Algérie, marqué par la rupture de plusieurs coopérations et l’expulsion de diplomates en représailles à des déclarations et actions perçues comme hostiles. La récente reconnaissance par Emmanuel Macron du plan d’autonomie pour le Sahara occidental, territoire disputé entre le Maroc et le mouvement indépendantiste du Polisario, soutenu par Alger, a aggravé la crise diplomatique. La condamnation de Gleizes intervient alors que l’affaire du romancier Boualem Sansal, arrêté en novembre 2024 et condamné à cinq ans de prison, alimente également la polémique sur la liberté d’expression dans le pays.
Les défenseurs de la presse estiment que la justice algérienne a manqué une occasion de faire preuve de prudence, et dénoncent une manœuvre politique visant à dissuader tout reportage critique ou lié à la cause kabyle. La famille de Christophe Gleizes et ses collègues demandent sa libération immédiate, soulignant qu’il n’a commis aucun acte de terrorisme réel, mais que ses activités journalistiques ont été mal interprétées dans un contexte de répression accrue.