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La «Turangalîla-Symphonie» d’Olivier Messiaen à Genève et Rolle

by Sara
La «Turangalîla-Symphonie» d'Olivier Messiaen à Genève et Rolle
Suisse

La «Turangalîla-Symphonie» d’Olivier Messiaen, œuvre emblématique et rare, sera interprétée lors de trois concerts exceptionnels à Genève et Rolle. Cette symphonie monumentale, qui mêle orchestre, piano, ondes Martenot et percussions, illustre le début de la passion du compositeur pour les chants d’oiseaux, une inspiration majeure dans son œuvre.

Olivier Messiaen, compositeur et organiste, assis devant un piano en 1957.
Olivier Messiaen, photographié en 1957. IMAGO/TT

Un chef-d’œuvre du XXe siècle à redécouvrir

Créée en 1949 à Boston sous la direction de Leonard Bernstein, la «Turangalîla-Symphonie» n’a été jouée en Suisse qu’à partir de 1981 au Victoria Hall de Genève. Cette œuvre impose sa grandeur par ses dimensions : 103 musiciens, un large éventail d’instruments dont le piano et les ondes Martenot, ainsi qu’une percussion souvent exotique. L’orchestre de la Suisse romande (OSR) interprétera la symphonie les 14, 15 et 16 mai, sous la baguette de Bertrand de Billy, avec Kit Armstrong au piano.

Cette partition est un voyage sonore vibrant, mêlant la moiteur d’une forêt tropicale, les éclats colorés d’un vitrail et la puissance d’une aube pleine de promesses. Le titre «Turangalîla» puise son origine dans le sanskrit et évoque des concepts profonds tels que l’amour, la vie et la mort, symbolisant la spiritualité intense qui traverse toute l’œuvre.

La fascination de Messiaen pour le chant des oiseaux

Amoureux de la nature, Messiaen a consacré une grande partie de sa vie à étudier les chants d’oiseaux, qu’il considérait comme les plus grands musiciens de la planète. Il a minutieusement noté et analysé les mélodies de plus de 300 espèces, parcourant le monde depuis sa Provence natale jusqu’en Nouvelle-Zélande, au Japon et en Amérique. Son mentor Paul Dukas lui avait conseillé d’écouter attentivement ces chants pour nourrir sa créativité.

Cette passion ornithologique dépasse la simple inspiration : chaque cri, chaque mélodie était transcrit avec précision pour être intégré à ses compositions. Messiaen partageait une forme de synesthésie, associant les sons à des couleurs et à des émotions, percevant certains accords comme des teintes vert jade, bleu de Chartres, violet ou or.

Bertrand de Billy posant dans une salle ornée, portant des lunettes et un costume noir.
Le chef d’orchestre Bertrand de Billy dirigera la «Turangalîla-Symphonie» lors de trois soirées avec l’OSR. Marco Borggreve

Une musique inspirée directement de la nature

Les observations scrupuleuses de Messiaen lui ont permis d’innover musicalement, en créant des accords et des sonorités uniques, loin des théories mathématiques abstraites de certains contemporains. Dans son «Catalogue d’oiseaux», œuvre pour piano solo, il reproduit fidèlement les chants de treize espèces, structurant la pièce comme une marche vivante des heures du jour et de la nuit.

Ce travail novateur a profondément marqué la musique du XXe siècle, offrant un langage sonore original où la nature devient source d’inspiration et de transformation musicale.

Les oiseaux au cœur de la création musicale

Avec la «Turangalîla-Symphonie», Messiaen commence presque systématiquement à intégrer les chants d’oiseaux dans ses œuvres. Dans les mouvements lents de cette symphonie, le piano évoque des mélodies d’oiseaux lointains, créant une atmosphère à la fois apaisante et hypnotique. Cette thématique s’affirme dans ses compositions ultérieures, comme «Réveil des oiseaux», «Oiseaux exotiques» ou «Un vitrail et des oiseaux».

Dans sa fresque orchestrale «Chronochromie» de 1960, 18 instruments à cordes imitent autant d’espèces d’oiseaux, mêlant leurs sonorités dans une cacophonie printanière. Son opéra «Saint François d’Assise», créé en 1983, intègre également de nombreux cris et pépiements, en hommage à la figure du saint prônant l’harmonie entre l’homme et la nature.

Messiaen, décédé en 1992, laisse un héritage musical unique où s’entrelacent spiritualité, nature et innovation. Son œuvre est une véritable volière sonore, habitée par quelques 300 à 400 espèces d’oiseaux transcrites avec fidélité.

Informations pratiques

Les concerts de la «Turangalîla-Symphonie» auront lieu au Victoria Hall de Genève les 14 et 15 mai à 19h30, puis au Rosey Concert Hall de Rolle le 16 mai à 20h30.

source:https://www.24heures.ch/musique-la-turangalila-symphonie-messiaen-et-les-oiseaux-853369894687

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