Décès de Günther Uecker, artiste emblématique à clous

Un artiste aux multiples facettes

Le clou a été au cœur de l’œuvre de ce peintre et sculpteur depuis le milieu des années 1950. Grâce à cette technique, Uecker a pu explorer les textures, les rythmes, le mouvement, l’ombre et la lumière, créant des œuvres qui captivent l’œil.

Un parcours marqué par la guerre

Né le 13 mars 1930 à Wendorf, un petit village du nord de l’Allemagne, Uecker a fui la République Démocratique Allemande (RDA) en 1953 après l’écrasement par le régime communiste du soulèvement populaire à Berlin et dans d’autres villes de l’est du pays.

Deux événements ont profondément marqué son adolescence et son œuvre. Quelques jours avant la chute du IIIe Reich en 1945, à l’âge de 15 ans, il a cloué de l’intérieur la porte de la maison familiale pour protéger sa mère et ses sœurs des soldats de l’Armée rouge. Cet « acte de panique, de protection instinctif » a peut-être été une expérience clé pour son approche artistique, comme il l’a expliqué dans un entretien télévisé en 2015.

Réflexions et influences

À la même époque, il a aidé à enterrer sur la plage les corps des déportés des camps de concentration noyés après le naufrage du navire qui les transportait. Après sa fuite vers l’ouest, il s’installe à Düsseldorf, où il est rejoint par sa sœur Rotraut, qui deviendra également artiste et épousera plus tard l’artiste français Yves Klein, célèbre pour son bleu outremer.

Un membre du mouvement Zéro

En 1961, Günther Uecker rejoint le mouvement artistique Zéro, lancé par Heinz Mack et Otto Piene, qui explore la lumière, l’espace et le mouvement. Il a également collaboré à la mise en scène de « lieux de vie dans les musées » aux côtés du peintre allemand Gerhard Richter, avec qui il avait étudié.

Engagement et reconnaissance mondiale

Uecker a exprimé ses positions politiques à travers ses œuvres. Après l’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986, il a peint la série « images de cendres » et, après les émeutes xénophobes à Rostock en 1992, il a créé la série « L’homme supplicié », exposée dans 57 pays, où il était toujours présent pour l’installer.

Ses œuvres et installations sont exposées dans des galeries et musées à travers le monde, notamment au Museum of Modern Art à New York et au Centre Pompidou à Paris. Günther Uecker a également conçu des vitraux de cathédrales et la salle de prière du bâtiment du Reichstag à Berlin, qui abrite la chambre basse du parlement allemand.