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Car-T : Une Révolution dans la Lutte contre la Sclérose en Plaques

by Sara
Car-T : Une Révolution dans la Lutte contre la Sclérose en Plaques
France

Depuis quelques années, l’immunothérapie CAR-T révolutionne la lutte contre certains cancers. Des chercheurs souhaitent maintenant l’utiliser contre les maladies auto-immunes. Au récent congrès de l’Association américaine pour l’avancement des sciences à Boston, un chercheur a même avancé qu’elle pourrait vaincre la sclérose en plaques.

Redémarrer le système immunitaire

Une femme d’affaires, qui souffrait de sclérose en plaques depuis plus de 15 ans, envisageait de prendre une retraite prématurée. Aujourd’hui, elle est PDG d’une grande entreprise. Un homme d’une cinquantaine d’années atteint de la même maladie pensait devoir vivre dans un CHSLD, mais il a pu rester avec sa famille, continuer à travailler et s’occuper de ses enfants.

Jeffrey Dunn, neurologue à l’Université Stanford, a décrit les résultats encourageants de l’immunothérapie CAR-T qu’il a administrée à quatre patients souffrant de sclérose en plaques. Présentés pour la première fois lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS) en février dernier, ces résultats laissent entrevoir la possibilité d’« éradiquer la sclérose en plaques, comme on l’a fait pour la poliomyélite ».

« Jamais des résultats du genre n’avaient été rapportés », indique le Dr Dunn, concernant la disparition des protéines appelées « bandes oligoclonales », qui sont produites en cas d’inflammation dans le système nerveux central, un signe majeur de la sclérose en plaques.

La thérapie CAR-T, acronyme de « récepteur antigénique chimérique », utilise des lymphocytes T génétiquement modifiés pour éliminer les lymphocytes B anormaux responsables des maladies auto-immunes. Utilisée principalement en oncologie, cette approche a été reconnue comme l’une des avancées de l’année 2024 par l’AAAS, suite à une étude allemande publiée dans le *New England Journal of Medicine*, montrant des résultats prometteurs pour 15 patients atteints de trois maladies auto-immunes, dont le lupus.

Évelyne Vinet, rhumatologue à l’Institut de recherche du CUSM, cherche à mettre en place un essai clinique CAR-T pour le lupus au CUSM, qualifiant cette thérapie de « révolution ». Lors d’un récent congrès de rhumatologie, la présentation des chercheurs allemands a attiré un public nombreux.

Certains effets secondaires toxiques de la thérapie CAR-T observés en oncologie n’ont pas été constatés chez les patients atteints de maladies auto-immunes. Dans certains cas, les lymphocytes B se sont régénérés sans retrouver leur propension anormale à attaquer le corps. Cependant, d’autres patients ont perdu tous leurs lymphocytes B, les rendant plus vulnérables aux infections.

Un sceptique montréalais

Le neurologue Alexandre Prat, spécialiste de la sclérose en plaques à l’Université de Montréal, exprime son scepticisme face à l’enthousiasme suscité par l’immunothérapie CAR-T. Il reconnaît que l’élimination des lymphocytes B « pathogéniques » est prometteuse, mais souligne que des manipulations drastiques du système immunitaire ont parfois conduit à de graves conséquences. « Nous devons donc rester prudents », déclare-t-il.

Le Dr Prat cite les cas de daclizumab en 2012, un médicament retiré du marché à cause de cas graves d’inflammation du cerveau ayant entraîné des décès, et de l’anti-TNF en 2001, qui pourrait augmenter le risque de cancers.

Toxicité

Au centre de recherche de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’hématologue Jean-Sébastien Delisle utilise la thérapie CAR-T en oncologie et considère les résultats pour les maladies auto-immunes comme « impressionnants ». Il estime que l’utilisation des cellules CAR dans ce domaine s’imposera rapidement. « Nous avions tous peur que les effets secondaires soient aussi graves que chez les patients atteints de cancer du sang, mais cela se passe plutôt bien », ajoute-t-il.

Concernant l’absence d’effets secondaires toxiques, Jean-Sébastien Delisle émet plusieurs hypothèses. Il se pourrait qu’en traitant le cancer, un plus grand nombre de lymphocytes B soient éliminés d’un coup, ou que les signaux inflammatoires diffèrent avec le cancer. Une autre question demeure : les lymphocytes B normaux se régénéreront-ils ? Si ce n’est pas le cas, le patient devra recevoir des infusions d’anticorps tous les mois.

« Il faudra encore quelques années pour répondre à toutes ces questions », conclut le Dr Delisle.

Les anticorps monoclonaux

Selon le Dr Prat, le coût de l’immunothérapie CAR-T, qui peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros, est prohibitif. Des avancées significatives ont été réalisées ces dix dernières années avec les « anticorps monoclonaux », qui ciblent des molécules anormales responsables de maladies auto-immunes, notamment les lymphocytes B problématiques. Bien qu’ils doivent être pris régulièrement, leur coût est dix fois inférieur à celui de la thérapie CAR-T.

« Vous côtoyez probablement sans le savoir des personnes atteintes de sclérose en plaques », explique le Dr Prat. L’évolution des traitements a permis de réduire le nombre de patients en fauteuil roulant dans les salles d’attente, un progrès remarquable dans ce domaine médical. Depuis l’approbation des premiers anticorps monoclonaux pour la sclérose en plaques, une quinzaine ont été validés.

Le prix de l’immunothérapie CAR-T risque de la limiter aux cas pour lesquels les médicaments moins coûteux ne fonctionnent pas. Si les incertitudes sur les effets à long terme de la thérapie CAR-T se révèlent positives, elle pourrait devenir la première option pour traiter les maladies auto-immunes.

Une perspective d’avenir

Le Dr Delisle souligne que la thérapie CAR-T pourrait être économiquement justifiée, même à un coût élevé. Il cite l’exemple d’une thérapie génique contre l’anémie falciforme, qui coûte entre 1 et 3 millions d’euros, mais qui peut être plus économique à long terme si elle est administrée à un enfant, en raison des économies réalisées sur les coûts de santé futurs.

Sclérose En Plaques | Immunothérapie | Car-t | Cancer | Maladies Auto-immunes | France
source:https://www.lapresse.ca/actualites/sciences/2025-03-02/la-presse-a-boston/nouveau-vent-d-espoir-pour-la-sclerose-en-plaques.php

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