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Violentes explosions et incendies à Port-Soudan
Plusieurs explosions ont retenti et un important incendie s’est déclaré à Port-Soudan, secouée pour le troisième jour consécutif par le conflit opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire. La ville, jusque-là paisible, est devenue un théâtre majeur des hostilités dans cette région stratégique.
De larges panaches de fumée noire ont été observés mardi s’élevant aux abords du principal port maritime du pays, un point névralgique pour l’armée et un refuge pour des centaines de milliers de déplacés depuis le début du conflit il y a deux ans.
Des frappes de drones ciblent des infrastructures clés
Selon Hiba Morgan, correspondante à Khartoum, les habitants de Port-Soudan ont rapporté des attaques par drones lancées par les RSF sur plusieurs sites essentiels :
- Un dépôt de carburant
- L’aéroport international de Port-Soudan
- Une centrale électrique
- Un hôtel situé à proximité des bâtiments gouvernementaux
Les frappes ont provoqué un blackout total dans la ville après que la compagnie nationale d’électricité a confirmé que la principale sous-station avait été touchée. L’hôtel visé se trouve près de la résidence présidentielle où Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées soudanaises, reçoit ses visiteurs et tient ses bureaux.
Évacuation et panique parmi les civils
Les civils présents à l’aéroport et dans l’hôtel ont été évacués en urgence. Nombre d’entre eux sont en état de panique, cherchant refuge dans d’autres quartiers de la ville qui demeurent des sanctuaires pour des centaines de milliers de déplacés fuyant la guerre.
Une crise humanitaire aggravée
Ce conflit entre l’armée soudanaise et les RSF constitue la pire crise humanitaire mondiale actuelle. Les attaques récentes sur Port-Soudan, où siègent des agences des Nations Unies ainsi que des ministères gouvernementaux alignés sur l’armée, risquent d’aggraver davantage cette situation dramatique.
Escalade des combats sur la côte de la mer Rouge
Les affrontements à Port-Soudan ont débuté dimanche avec une attaque de drones visant une base militaire proche du seul aéroport international fonctionnel du pays. Lundi, les dépôts de carburant ont été ciblés. Dans les deux cas, des sources militaires ont imputé ces frappes aux RSF, qui n’ont toutefois pas revendiqué ces opérations.
Ces attaques interviennent après que l’armée a annoncé avoir détruit un avion et plusieurs dépôts d’armes dans l’aéroport de Nyala, contrôlé par les RSF.
Une tentative des RSF pour rééquilibrer le conflit
Jusqu’à la semaine dernière, l’armée soudanaise détenait l’avantage stratégique, contrôlant la majeure partie de Khartoum et poussant ses forces vers l’ouest, notamment dans les régions de Darfour et du Kordofan occidental, où les RSF exercent une influence importante.
Les frappes récentes des RSF sur des centres logistiques de l’armée visent à « équilibrer la situation » et à limiter les risques d’attaques sur leurs zones de contrôle dans l’ouest du pays.
Réactions internationales
Ces attaques ont suscité la condamnation des pays voisins, notamment l’Égypte et l’Arabie saoudite, ainsi que des inquiétudes exprimées par les Nations Unies. Le conflit armé entre l’armée et les RSF, déclenché en avril 2023 à la suite d’un différend sur la transition vers un gouvernement civil, a déjà déplacé plus de 12 millions de personnes et plongé la moitié de la population soudanaise dans une faim extrême.