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En mai 1979, Alison Chambers, une adolescente de 16 ans, écrivait à sa mère une lettre pleine d’espoir et de sérénité, affirmant qu’elle vivait désormais avec une famille chaleureuse où elle s’occupait des enfants et des tâches ménagères. « Nous nous entendons tous très bien, et je les considère comme une seconde famille. Mais sache que tu es et resteras toujours ma vraie famille », écrivait-elle avant de rassurer sa mère sur sa sécurité. Une illusion tragique, car Alison se trouvait en réalité au cœur du cauchemar, chez Fred et Rosemary West, deux des tueurs en série les plus notoires du Royaume-Uni.
Une lettre d’apparence rassurante avant le drame
Moins de trois mois après avoir envoyé cette lettre, Alison fut assassinée, mutilée et enterrée sous la terrasse de la maison des West à Gloucester. Son corps resta caché pendant 15 ans, jusqu’à sa découverte par la police en 1994, lors d’une enquête qui révéla neuf corps dans cette demeure macabre.
Fred et Rose West ont terrorisé Gloucestershire de 1967 à 1987 en torturant, violant et tuant au moins 12 jeunes femmes. Ce couple sadique continue de fasciner et d’effrayer, tandis que les familles des victimes portent leurs blessures dans le silence. Une nouvelle série documentaire en trois épisodes diffusée sur Netflix met en lumière la douleur des familles, soutenue par des enregistrements policiers inédits où Fred West fait preuve d’un effrayant manque de remords, allant jusqu’à dire : « Je ne sais pas qui était qui. »
Le témoignage poignant de Dezra Chambers, sœur d’Alison
Pour la première fois, Dezra Chambers, aujourd’hui âgée de 64 ans, s’exprime publiquement sur la perte de sa sœur cadette. « Je l’ai fait pour Alison. Trop souvent, les victimes sont oubliées. Je voulais que les gens sachent qui elle était et qu’elle était aimée », confie-t-elle avec émotion.
Décrivant Alison comme une fille « heureuse, intelligente et aimante », Dezra évoque une enfance difficile marquée par la violence et l’alcoolisme paternel, vécue en Allemagne puis au Pays de Galles. Elle raconte comment, devenue mère, elle a voulu offrir à ses propres enfants un foyer différent, loin des traumatismes qu’elle a vécus.
La chute d’Alison dans l’orbite des West
Adolescente rebelle, Alison avait été placée en foyer par les services sociaux et, en janvier 1979, elle s’installa à Gloucester, participant à un programme de formation professionnelle. C’est là qu’elle finit par vivre avec Fred et Rose West, un choix dont Dezra ne comprendra jamais les détails. La lettre qu’Alison écrivit leur décrivant une « famille aimante » contraste tragiquement avec la réalité sinistre.
Les derniers appels téléphoniques entre les sœurs, brefs et empreints d’inquiétude, furent les derniers contacts d’Alison avant sa disparition. La police estime qu’elle a été tuée avant son 17e anniversaire en septembre 1979, sans que sa famille n’ait jamais su ce qui lui était arrivé durant toutes ces années.
Des années d’espoir et de recherche douloureuse
Malgré les rumeurs et les fausses pistes, Dezra n’a jamais cessé d’espérer retrouver sa sœur vivante. Elle raconte les moments d’angoisse où elle observait les nouvelles cherchant un visage familier parmi les sans-abris, ou quand elle s’était tournée vers l’Armée du Salut sans succès.
Ce n’est qu’en 1994, à la suite d’une fouille policière motivée par des révélations des enfants West, que les restes d’Alison furent découverts, enterrés sous la terrasse de la maison familiale. Ce fut un choc émotionnel intense pour Dezra, confrontée à l’horreur indescriptible du sort réservé à sa sœur.
Procès, condamnations et souvenirs amers
Fred West fut inculpé pour 12 meurtres, Rose pour 10, mais Fred ne comparaîtra jamais : il se suicida en prison au Nouvel An 1995, ce qui provoqua une colère mêlée de soulagement chez Dezra. Quant à Rose, elle fut condamnée en 1995 à dix peines de prison à perpétuité, et en 1997, elle écopa d’une peine de prison à vie entière, une sanction exceptionnelle pour une femme au Royaume-Uni.
Dezra raconte son amertume face à Rose, qu’elle décrit avec une colère viscérale. Avant le procès, elle visita la maison de Cromwell Street pour voir où Alison avait passé ses derniers jours et le lieu où elle fut enterrée. Ce fut pour elle un petit réconfort de savoir qu’Alison reposait « dans la terre, comme il se doit ».
Une douleur toujours présente et partagée
Malgré la justice rendue, Dezra souligne que rien ne peut effacer l’absence d’Alison : ni ses filles, ni ses petits-enfants ne la connaîtront jamais, et elle n’aura jamais connu la maternité.
Participer à la série documentaire a été pour Dezra une expérience cathartique, lui ayant fait affronter des émotions longtemps enfouies, notamment la culpabilité du survivant. « Je suis la grande sœur, je me sens parfois coupable de ne pas avoir fait plus pour elle », confie-t-elle.