Table of Contents
Les raisons du flou américain sur la Syrie post-Assad
Malgré les messages positifs et les assurances envoyées par la nouvelle administration syrienne depuis la chute du président déchu Bachar al-Assad, qui ont reçu un écho favorable au niveau régional et européen, la position américaine demeure floue et ambivalente face à la nouvelle situation en Syrie.
Les déclarations des responsables américains, bien que rares, manquent de clarté et d’une position ferme concernant le gouvernement de Damas, qui surveille avec prudence les signaux et les déclarations émanant de Washington. Cette situation suscite des craintes quant à ce flou, qui pourrait être le prélude à une politique de pression ou de marchandages régionaux liés à la position géopolitique de la Syrie et à ses relations avec les alliés et les ennemis de Washington dans la région.
Washington met en garde
Des observateurs estiment que la présence de Hayat Tahrir al-Sham, classée parmi les organisations terroristes par les États-Unis, avec son leader Ahmad al-Shar’a à la tête de la nouvelle administration syrienne, joue un rôle crucial dans l’absence de démarches sérieuses de la part de Washington envers Damas.
Cette position a été clairement exprimée par le secrétaire d’État américain Marco Rubio lors de sa récente visite en Israël, où il a déclaré : « La chute d’Assad est prometteuse et importante, mais le remplacement d’une force déstabilisante par une autre force similaire n’est pas un développement positif. »
Diplomatie indirecte
Les États-Unis adoptent également une approche diplomatique indirecte vis-à-vis de la nouvelle situation en Syrie, en s’appuyant sur leurs principaux alliés régionaux qui entretiennent des relations solides avec la nouvelle administration de Damas.
Cette stratégie reflète le désir de Washington de maintenir son influence en Syrie sans accorder de reconnaissance officielle ou adopter des positions fermes à l’égard du gouvernement de Damas, ce qui s’aligne avec la stratégie américaine visant à réduire l’engagement dans les crises du Moyen-Orient tout en s’appuyant sur des partenaires régionaux pour atteindre ses intérêts.
Les priorités et le timing
La chute du régime syrien et l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration ont coïncidé avec la fin du mandat du président américain Joe Biden et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Cette transition, accompagnée de développements rapides sur le terrain syrien, n’a pas permis à l’administration Trump de formuler une vision stratégique claire pour traiter avec la Syrie, en se concentrant plutôt sur d’autres priorités internes et externes.
Le politologue syrien Ayham Abdel Nour, basé aux États-Unis, souligne que jusqu’à présent, aucun responsable n’a été désigné pour le dossier syrien au Département d’État américain, ce qui laisse un vide dans la formulation de la politique américaine à l’égard de la nouvelle administration syrienne.
Facteurs liés au gouvernement de Damas
Dès les premiers jours après la chute d’Assad, l’administration démocrate de Joe Biden a envoyé des messages à la nouvelle administration syrienne, affirmant qu’elle surveillerait la situation de près et qu’elle jugerait les actions des nouveaux dirigeants de Damas, et non seulement leurs discours. Cette demande a été répétée à plusieurs reprises, appelant à la formation d’un gouvernement plus inclusif.
Le chercheur Hussein al-Dik souligne que le retard de la nouvelle administration à Damas dans la définition d’un chemin politique clair et inclusif, ainsi que les problèmes liés aux questions des composantes ethniques et religieuses syriennes, rendent Washington prudent et peu sûr vis-à-vis de Damas.
La relation avec Israël
Depuis la chute du régime, Israël a veillé à transformer la Syrie en un pays faible et fragmenté, sans capacités militaires ou défensives. Cela se manifeste par des frappes israéliennes sur des dépôts d’armes et des incursions terrestres. Les observateurs estiment qu’Israël joue un rôle influent dans la formation de la position américaine vis-à-vis de la nouvelle administration syrienne, cherchant à s’assurer qu’une ouverture américaine ne contredit pas ses intérêts sécuritaires et stratégiques dans la région.