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À presque 90 ans, Casto Carmelo Estefanía Gallardo, plus connu sous le nom de « Don Casto », demeure une figure emblématique de Dos Hermanas. Ce pédiatre autodidacte, professeur universitaire et passionné de médecine infantile, continue de recevoir l’affection et la gratitude des habitants, bien qu’il soit à la retraite depuis plusieurs années.
Un parcours autodidacte exceptionnel
Né à El Saucejo, Don Casto a très tôt déménagé avec sa famille à Estepa, où il a passé son enfance jusqu’à ses 18 ans. Surnommé « Castito » par son entourage, son parcours est pour le moins singulier : il n’a jamais fréquenté l’école ni le lycée. À l’époque, les enfants étaient souvent retirés de l’école dès 10 ans pour travailler aux champs. Son père, employé des Postes, refusa cette destinée et enseigna lui-même à ses enfants à la maison, profitant de son emploi du temps pour leur donner des cours.
« Nous commencions tôt avec les matières les moins difficiles, puis continuions avec les mathématiques et le langage », se souvient-il. Pour le latin, le grec et l’anglais, les frères franciscains, compétents, venaient en aide à lui et son frère, qui passaient leurs examens en candidat libre à Osuna.
C’est ainsi que, jusqu’au baccalauréat et à la reválida, c’est son père qui les prépara. Plus tard, sa mère, institutrice, s’installa à Dos Hermanas tandis que son père y travaillait aux Postes. C’est de là que Don Casto put intégrer la faculté de médecine, sa vocation, avant de se spécialiser en pédiatrie. Il partageait alors son temps entre le Sanatorio El Tomillar et la chaire de pédiatrie à l’hôpital universitaire Virgen Macarena.
Une carrière dédiée à la pédiatrie et à l’enseignement
Profondément investi dans sa profession, Don Casto adorait la recherche médicale et l’enseignement, sous la tutelle de son maître, le professeur Suárez Perdiguero. Il faisait quotidiennement le trajet jusqu’à Séville pour consacrer la majeure partie de son temps à sa carrière.
Avant son mariage avec Aurora Cabezuelo Rodríguez en 1966, il ouvrit une consultation privée qui marqua son implantation dans la vie de Dos Hermanas. Depuis plus de soixante ans, il a accueilli des centaines de patients, toujours accompagné de sa femme, qui gérait les rendez-vous et l’accueil.
« Une fois dans le cabinet, nous étions seulement la mère ou le père, l’enfant et moi », explique-t-il, soulignant la relation de confiance et de confidentialité qu’il instaurait avec les familles. Cette proximité apaisait les parents et suscitait une grande reconnaissance, notamment car il n’a jamais refusé de soigner un enfant, même si la famille ne pouvait payer la consultation.
Un engagement sans relâche pour la santé infantile
Don Casto témoigne que sa vocation ne l’a jamais quitté, soignant enfants et nourrissons à toute heure, souvent appelés en urgence par sa femme. « Ni elle ni moi ne pouvions ignorer un malade », affirme-t-il. En retour, les familles lui offraient des fruits frais ou des légumes en signe de gratitude, sans jamais qu’il ne le demande.
Humble et dévoué, il confesse ne jamais avoir été ambitieux, mais toujours appliqué à approfondir ses connaissances, notamment en nutrition infantile, une base essentielle pour la santé des enfants. Il collaborait avec des entreprises comme Nestlé, distribuant parfois lui-même des compléments nutritionnels aux familles dans le besoin.
Grâce à son empathie, son savoir-faire et son constant engagement, Don Casto est devenu une personnalité très appréciée à Dos Hermanas. Dans ses promenades, les habitants n’hésitent pas à l’arrêter pour lui témoigner leur reconnaissance, évoquer de vieux souvenirs ou remercier pour les soins reçus.
Une vie de service au-delà de la médecine
Outre sa pratique médicale, Don Casto a aussi exercé des fonctions humanitaires, notamment en tant que chef de la Croix-Rouge locale aux côtés de Miguel Gil Pachón. La plupart de ses consultations se déroulaient dans son cabinet, mais il se déplaçait également au domicile des patients, notamment dans le quartier de San José.
Son maitrise de l’anglais lui valait également des sollicitations au Camping Villsom, fréquenté par une clientèle étrangère.
Son épouse, pilier essentiel de sa vie familiale et professionnelle, a choisi de l’aider dans son cabinet plutôt que de poursuivre une carrière en prothèse dentaire, conciliant ainsi vie familiale et soutien à son mari. Ensemble, ils ont élevé deux filles, Aurora et Carmen, formant ce qu’il qualifie de « famille exceptionnelle ».
Une empreinte durable dans l’enseignement médical
Don Casto a consacré plus de quarante ans à l’enseignement de la médecine, occupant pendant plus de 22 ans la fonction de professeur titulaire à la chaire de pédiatrie dans les hôpitaux Macarena et Valme. Les générations d’étudiants se souviennent de lui avec affection. Il a dirigé des centaines de thèses doctorales, dont beaucoup reposent encore dans son ancien cabinet, qui reste figé dans le temps avec sa table d’examen, sa balance, son stéthoscope et ses instruments médicaux.
Par ailleurs, il a publié un grand nombre d’articles dans des revues scientifiques, témoignant de son engagement dans la recherche médicale.
Bien que ni ses filles ni ses petits-enfants n’aient suivi ses pas dans la médecine, son héritage reste profondément ancré à Dos Hermanas. La ville a d’ailleurs honoré sa contribution en donnant son nom à une avenue, reconnaissance de son travail médical et humain.