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Le 8 avril dernier, à Joué-lès-Tours, deux femmes, Zora et Lila, ont été victimes d’une agression raciste particulièrement violente. Deux semaines après les faits, elles témoignent encore de leur traumatisme et appellent à la justice face à cette violence empreinte de haine.
Une violence inouïe déclenchée par un banal accrochage
Zora, 37 ans, et son amie Lila, toutes deux françaises d’origine maghrébine, étaient engagées dans une altercation routière anodine dans le secteur de la Douzillere. Un accrochage entre leur voiture et un autre véhicule circulant en sens inverse a rapidement dégénéré. Pensant assister à un délit de fuite, des témoins se sont emportés et ont dirigé leur colère vers les deux femmes.
Un homme a brutalement stoppé la voiture de Zora et Lila, sortant du véhicule pour les confronter avec agressivité. Malgré les tentatives de Lila pour calmer la situation en expliquant qu’elles allaient gérer le constat avec l’autre conductrice, l’agresseur l’a insultée en lançant : « C’est à vous de partir, sale arabe ». Il a été rejoint par les occupants de son véhicule, qui ont alors commencé à insulter, étrangler et frapper les victimes.
« J’ai crié : arrêtez, arrêtez… J’ai sorti mon téléphone pour filmer, pensant que ça les arrêterait, mais non, ils se sont jetés sur moi », relate Lila avec émotion.
Des blessures physiques et un traumatisme profond
La scène s’est avérée d’une extrême brutalité. Zora a été plaquée au sol, étouffée par une main sur la bouche, tandis qu’un adolescent la frappait et qu’une femme lui retenait les jambes. Lila, quant à elle, a été étranglée par l’arrière alors qu’elle tentait de dissimuler son téléphone dans son soutien-gorge. Malgré ses efforts pour se défendre, les deux femmes ont subi des violences physiques importantes.
Alertée par les voisins, la police est rapidement intervenue sur place avec trois véhicules. Immédiatement après, Zora et Lila ont consulté un médecin qui a constaté des griffures, des marques et des ecchymoses.
Au-delà des blessures physiques, les agressions verbales ont profondément marqué les victimes. Zora confie : « Rentrez chez vous, sale arabe, c’est une phrase que je n’oublierai jamais. » Elle déplore l’ampleur injustifiée prise par cet acte de racisme.
Un appel à la fin des discriminations et à la justice
Plus de quinze jours après l’incident, Zora et Lila vivent toujours avec la peur et le choc. « On n’a même pas eu le temps de se remettre, qu’il fallait déjà calmer nos enfants », expliquent-elles. Leurs familles sont bouleversées par l’état dans lequel elles sont sorties de cette agression. Zora confesse avoir longtemps hésité à parler, mais a finalement décidé de briser le silence : « Tu es dans ton droit de parler. »
Lila avoue qu’elle a trop souvent laissé passer ce genre d’incidents : « Avant, je disais toujours : c’est pas grave, c’est pas grave… Mais là, non. J’ai eu envie de parler. » Zora ajoute un message fort : « Il faut arrêter avec le « sale Arabe », le « sale Noir », le « sale Portugais ». Ce langage est devenu commun, mais ce n’est pas normal. »
Les deux femmes demandent à ce que l’on cesse de minimiser ces faits. « On vit dans une société déjà tendue. Si les citoyens eux-mêmes ajoutent à cette tension sans aucune conséquence, on n’en sortira jamais. » Elles sont aujourd’hui soutenues par un avocat, suivies médicalement, et ont déposé plainte dans l’espoir que justice soit rendue.