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Cachée au cœur du désert africain se trouve l’une des parcelles de terre les plus étranges au monde, non pas pour sa beauté ou sa richesse, mais parce qu’aucun pays ne la revendique. Bir Tawil est une zone de 2 060 kilomètres carrés de désert aride, située entre l’Égypte et le Soudan, qui reste une anomalie géopolitique après des décennies d’absence de revendication.
Un voyage aventureux
Celleux qui osent s’y rendre doivent s’attendre à un parcours difficile, traversant des routes désertiques isolées, côtoyant des vestiges de mines d’or, et parfois croisant des bandes armées et des bandits. Bir Tawil est devenu un terrain de jeu favori pour de petites « nations » autoproclamées, souvent fondées par des personnes ordinaires du monde entier.
Un père pour une princesse
Sans lois, cette terre a même attiré des prétendus « rois », dont Jeremiah Heaton, un agriculteur de Virginie, qui s’est rendu là-bas pour réaliser le souhait de sa jeune fille de devenir une princesse. Il a planté un drapeau et déclaré Bir Tawil le « Royaume du Soudan du Nord » afin que sa fille Emily puisse avoir un titre royal.
Bien que cette initiative n’ait aucune valeur légale, elle a suscité un intérêt et un débat mondiaux sur les revendications territoriales et la nature de la souveraineté.
Une quête insolite
En juin 2014, Heaton a atteint Bir Tawil après un long périple à travers le désert. Avec un drapeau fait maison portant un symbole de couronne et le nom « Heaton », il l’a planté dans le sable, proclamant Bir Tawil le « Royaume du Soudan du Nord » et se déclarant roi. Il a immédiatement proclamé Emily comme princesse, lui accordant ainsi le titre qu’elle avait souhaité.
En 2017, Suyash Dixit, un entrepreneur en informatique de l’Inde, a également revendiqué Bir Tawil, le nommant le « Royaume de Dixit ». Après un voyage difficile à travers le désert, il a planté un drapeau, s’est déclaré roi et a même nommé son père premier ministre, attirant l’attention sur les réseaux sociaux.
Des rumeurs d’or
Des rumeurs, bien que largement non fondées, circulent selon lesquelles Bir Tawil contiendrait des dépôts d’or cachés. Bien que l’Égypte et le Soudan aient des liens anciens avec l’exploitation minière de l’or, en particulier dans le désert nubien, Bir Tawil est rarement étudié ou exploité. Ces rumeurs ont cependant attiré quelques chasseurs de trésors, espérant découvrir des richesses cachées dans le désert.
Accéder à Bir Tawil
Le voyage vers Bir Tawil est long et peut prendre de deux jours à une semaine, selon le point de départ, l’itinéraire et les conditions. En raison de son isolement et de l’environnement désertique extrême, ce périple nécessite une planification minutieuse, une connaissance locale et l’autorisation des autorités égyptiennes ou soudanaises. La plupart des voyageurs commencent leur voyage à partir d’Assouan, en Égypte, ou de Khartoum, au Soudan.
Les deux pays surveillent de près la zone frontalière, et les visiteurs doivent obtenir des permis et être accompagnés d’un bon guide familier avec la région. Le trajet vers Bir Tawil couvre des centaines de kilomètres à travers un terrain désertique sauvage et peu fréquenté.
Origines de la revendication non faite
Les origines de cette étendue désertique non revendiquée remontent à la période coloniale britannique à la fin du 19e et au début du 20e siècle, lorsque des lignes de frontières qui se chevauchaient ont laissé Bir Tawil dans un vide juridique. En 1899, une frontière formelle a été établie le long du 22e parallèle nord, plaçant Bir Tawil sous contrôle égyptien.
Cependant, en 1902, les Britanniques ont modifié la frontière pour s’adapter aux mouvements des tribus locales, plaçant Bir Tawil dans le territoire soudanais. Lorsque l’Égypte et le Soudan sont devenus indépendants, chacun des pays a voulu le Triangle de Hala’ib, qui possède de bonnes terres et un accès à la mer Rouge, laissant Bir Tawil sans valeur pour les deux nations.
Une anomalie géopolitique
En fin de compte, Bir Tawil demeure une étrange relique de l’histoire coloniale et un symbole improbable de la géopolitique moderne, une terre toujours sans gouvernement et, pour l’heure, destinée à rester non revendiquée.