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Les funérailles du pape François, prévues samedi, seront une cérémonie conforme à ses valeurs et à ses souhaits en tant que pasteur : si présidents et princes assisteront à l’hommage en place Saint-Pierre, ce sont des prisonniers et des migrants qui accompagneront le pape dans la basilique où il sera inhumé.
Une cérémonie pensée par le pape lui-même
Jusqu’à 200 000 personnes sont attendues pour ces funérailles, dont l’organisation a été en grande partie conçue par François lui-même. L’an dernier, il avait révisé et simplifié les rites et rituels du Vatican afin de souligner le rôle du pape comme simple prêtre et non comme « un homme puissant de ce monde », a précisé le Vatican. Cette démarche illustre le projet de réforme radicale de la papauté qu’il a mené durant ses 12 ans de pontificat, insistant sur la vocation du pasteur comme serviteur et voulant bâtir « une Église pauvre pour les pauvres ».
Ce projet, François l’a exprimé dès les premiers jours de son élection en 2013, en choisissant son nom en hommage à saint François d’Assise, « qui avait le cœur des pauvres du monde », selon le décret officiel placé dans son cercueil vendredi soir.
Un hommage mondial, entre puissants et marginalisés
Malgré cette volonté d’humilité, de nombreuses figures politiques et royales assisteront à la cérémonie. Le président américain Donald Trump, le président français Emmanuel Macron, le secrétaire général des Nations unies, plusieurs dirigeants européens, ainsi que le prince William et la famille royale espagnole conduiront les délégations officielles. Le président argentin Javier Milei aura une place d’honneur, en raison de la nationalité argentine de François, même si les relations entre les deux hommes étaient distantes et que le pape n’est jamais retourné dans son pays natal, ce qui a créé des tensions avec certains Argentins.
Le pape François rompt avec une tradition récente en choisissant d’être enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, près de la gare principale de Rome. Sa tombe, simple et souterraine, porte uniquement son nom : Franciscus. La route du cortège funèbre, longue d’environ 4 kilomètres, devrait être bordée par près de 300 000 personnes dans le centre de Rome.
Un pape latino-américain et jésuite s’éteint
Premier pape latino-américain et premier jésuite à occuper cette fonction, François est décédé lundi de Pâques à 88 ans, après avoir subi un AVC alors qu’il se remettait d’une pneumonie à son domicile.
Avec ces funérailles, les préparatifs du conclave, ce processus séculaire d’élection d’un nouveau pape, pourront enfin commencer sérieusement. Ce conclave devrait débuter durant la première semaine de mai. En attendant, le Vatican est administré par un petit groupe de cardinaux, dont le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Collège des cardinaux, âgé de 91 ans, qui préside les funérailles et organisera le scrutin secret dans la chapelle Sixtine.
Des milliers de fidèles venus rendre hommage
Durant trois jours cette semaine, plus de 250 000 personnes ont attendu plusieurs heures pour saluer une dernière fois le pape dont le corps était exposé en basilique Saint-Pierre. Le Vatican avait prolongé les heures d’ouverture, accueillant même les visiteurs durant la nuit.
« C’était une personne excellente et humble, qui a changé de nombreuses lois, toujours pour le mieux », a confié Augustin Angelicola, un pèlerin argentin, en faisant la queue. « C’est une tristesse pour le monde entier. Nous ne nous y attendions pas, cela devait arriver, mais pas si tôt. »
Malgré ces horaires élargis, la foule était trop nombreuse et des milliers de fidèles ont dû être refoulés vendredi soir à 19 heures.
Une relation particulière avec la basilique Sainte-Marie-Majeure
Avant même d’être pape, François nourrissait une affection particulière pour la basilique Sainte-Marie-Majeure, qui abrite une icône byzantine de la Vierge, la Salus Popoli Romani, à laquelle il était profondément dévoué. Il s’y recueillait avant et après chacun de ses voyages à l’étranger.
Il avait choisi d’être enterré dans une niche proche de la chapelle qui abrite cette icône, avec sur la pierre tombale la reproduction en argent de sa simple croix pectorale.
Ce lieu est aussi symboliquement lié à l’ordre religieux jésuite dont François était membre. Saint Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites, y célébrant sa première messe le 25 décembre 1538.
Le Vatican a annoncé que quarante invités spéciaux accueilleraient le cercueil sur la place devant la basilique, représentant les groupes marginalisés que le pape a toujours mis en avant : sans-abris, migrants, prisonniers et personnes transgenres.
« Les pauvres ont une place privilégiée dans le cœur de Dieu », a rappelé François, expliquant ce choix. L’inhumation proprement dite sera privée, conduite par les cardinaux et quelques proches assistants.
Des mesures de sécurité renforcées
L’Italie a déployé plus de 2 500 policiers et 1 500 soldats pour assurer la sécurité des funérailles. Parmi les dispositifs, un navire torpilleur sera stationné au large des côtes et des escadrons de chasseurs seront prêts à intervenir, selon la presse italienne.