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Plus de 1 500 vols annulés et d’importants retards pour les autres, des centaines de milliers de passagers affectés en Europe : une grève des contrôleurs aériens français, jeudi 3 et vendredi 4 juillet, perturbe gravement le début des vacances d’été, faisant perdre « des millions d’euros » aux compagnies.
Impact sur le trafic aérien
La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a estimé à 933 le nombre de vols supprimés jeudi au départ ou à l’arrivée de la France, soit environ 10 % des vols initialement prévus. Localement, ces taux ont été bien plus élevés : 50 % à Nice, troisième aéroport français, et 25 % à Paris-Charles-de-Gaulle et Orly, où transitent 350 000 personnes par jour en période estivale.
Réactions politiques
Le Premier ministre François Bayrou a qualifié cette grève de « choquante ». « C’est prendre en otage les Français que de choisir le jour où tout le monde part en vacances pour faire une grève du contrôle aérien », a-t-il déclaré jeudi soir sur BFMTV.
Les effets du mouvement se font également sentir au-delà des frontières. La principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E), a estimé qu’en Europe, 1 500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, affectant presque 300 000 passagers.
Ourania Georgoutsakou, directrice générale d’A4E, a déclaré : « Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe. Les agissements d’une minorité d’aiguilleurs du ciel vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe. »
Conditions de travail et revendications syndicales
Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-Icna, a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’Usac-CGT.
Des retards significatifs ont été signalés, allant jusqu’à une heure trente à Nice, selon la DGAC, qui a chiffré à « quasiment 500 000 minutes » les retards cumulés en Europe, sur près de 33 000 trajets.
Vendredi, veille des vacances scolaires, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens et à Beauvais, avec une réduction du nombre de vols de 40 % imposée par la DGAC.
Répercussions sur les compagnies aériennes
La compagnie aérienne Ryanair a annoncé avoir dû annuler 400 vols, affectant 70 000 passagers. Son patron, Michael O’Leary, a dénoncé la situation provoquée « par un faible nombre de contrôleurs aériens français participant à des grèves récréatives » et a exhorté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à réformer le contrôle aérien en Europe.
Air France a confirmé avoir été « contrainte d’adapter son programme de vols », sans préciser le nombre d’annulations, mais a souligné que son réseau long-courrier n’était pas affecté.
Problèmes structurels au sein du contrôle aérien
La grève fait perdre « des millions d’euros » aux compagnies aériennes, a averti jeudi le ministre des Transports Philippe Tabarot, en refusant de céder aux demandes « inacceptables » des syndicats.
Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, suite à un « incident grave » à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, lorsqu’un quasi-accident a eu lieu entre deux avions. Parmi les griefs de l’Unsa-Icna figurent un « sous-effectif entretenu », des outils obsolètes et un « management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés ».