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Le fossé du plaisir: chiffres et constats
Selon un sondage Ifop réalisé en 2019, 78 % des Françaises sexuellement actives déclarent avoir déjà éprouvé des difficultés à jouir, contre 57 % des hommes. Ce fossé du plaisir, souvent appelé « orgasm gap », persiste tout au long de la vie, quel que soit l’âge ou l’expérience sexuelle.
Objectification et travail émotionnel: une clé d’explication
La théorie de l’objectification postule que les femmes sont fréquemment perçues à travers leur apparence ou leur utilité sexuelle. Ce phénomène peut impacter le plaisir féminin: les femmes qui se sentent objectifiées tendent à effectuer davantage le travail émotionnel sexuel, comme simuler des orgasmes, feindre le désir ou tolérer l’inconfort pendant l’acte. Résultat : moins d’authenticité et de plaisir dans l’intimité.
Recherche de l’orgasme et asymétrie dans les rapports
Une étude menée par Carly Wolfer et publiée en 2025 se penche sur la notion de « recherche de l’orgasme ». Selon ses résultats, les hommes dans les couples hétérosexuels privilégient leur propre orgasme, tandis que les femmes se concentrent sur l’orgasme de leur partenaire masculin. Les données indiquent que les hommes rapportent un orgasme dans 90 % de leurs rapports, contre 54 % pour les femmes. Ce n’est pas une incapacité naturelle des femmes, mais davantage une conséquence des pratiques sexuelles qui valorisent le plaisir masculin, comme la stimulation clitoridienne, qui est souvent négligée.
Égalité du plaisir sexuel: comment réécrire la dynamique
Cette dynamique est profondément culturelle. Le scénario sexuel dominant privilégie la pénétration, qui n’est pas nécessairement le moyen le plus efficace pour atteindre l’orgasme chez la majorité des femmes. Pour combler ce fossé, l’engagement du partenaire dans la recherche de l’orgasme féminin se révèle crucial : plus ce soutien est présent, plus les chances d’atteindre l’orgasme augmentent.
La sexologue Vanessa Marin rappelle l’importance de passer d’une logique du « qui jouit » à une logique d’« égalité du plaisir sexuel », où chacun se sent écouté et légitime dans son plaisir, qu’un orgasme survienne ou non.
Voici quelques pistes concrètes :
- ouvrir une communication ouverte et sans jugement sur les besoins et envies de chacun
- valoriser la stimulation clitoridienne et explorer d’autres pratiques
- oser verbaliser ses attentes et tester de nouvelles approches
- mettre l’accent sur l’expérience intime globale plutôt que sur l’atteinte de l’orgasme uniquement