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Le Brésil suit avec attention le début de la purge de Jair Bolsonaro, condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État. L’ancien chef d’État (2019-2022), âgé de 70 ans, est détenu dans le même complexe de la police fédérale de Brasilia où il était assigné à résidence, après avoir été placé en détention provisoire pour «risque élevé de fuite». La Cour suprême l’a jugé coupable d’avoir dirigé une «organisation criminelle» visant à maintenir l’autorité au pouvoir, une thèse contestée par sa défense.
Au cœur d’une purge de peine historique
Selon l’avocat Paulo Cunha Bueno, la défense allait «présenter dans les délais prévus le recours qu’elle juge approprié» après le rejet d’un premier appel courant novembre. Bolsonaro était assigné à résidence depuis début août; il a été placé en détention provisoire samedi pour «risque élevé de fuite» après avoir tenté de brûler son bracelet électronique avec un fer à souder. Pour purger sa peine, il demeure dans le même complexe de la police fédérale de Brasilia, et non dans un centre pénitentiaire comme Papuda.

En septembre, la Cour suprême l’a déclaré coupable d’avoir été le chef d’une «organisation criminelle» ayant conspiré pour assurer son «maintien autoritaire au pouvoir» après la victoire du président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, lors du scrutin d’octobre 2022. Selon l’accusation, ce projet de coup d’État, qui prévoyait jusqu’à l’assassinat de Lula, n’a pas été concrétisé en raison du manque de soutien du haut commandement militaire.
«Dévasté psychologiquement», a décrit le juge Moraes, notant que Bolsonaro a tenté samedi de brûler son bracelet électronique dans l’espoir de s’échapper à la faveur d’une manifestation prévue par ses partisans près de chez lui. Le magistrat soulignait la proximité de l’ambassade des États‑Unis, suggérant qu’il aurait pu chercher à s’y réfugier.
Jair Bolsonaro est un allié de Donald Trump. Dénonçant une «chasse aux sorcières» contre lui, le président américain a infligé en représailles une surtaxe punitive au Brésil. Mais il l’a allégée considérablement après une rencontre avec Lula en octobre.
Pour expliquer l’épisode du bracelet électronique, la défense de l’ancien chef d’État a décrit un «état de confusion mentale» dû à la prise de médicaments. L’intéressé a nié toute intention de fuir. «Il est indigné (…) face à la persécution dont il fait l’objet. S’il lui arrive quelque chose, on sait qui est responsable», a lancé mardi matin son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, après une visite à son père. Il est «dévasté psychologiquement» et «mange peu», a raconté Carlos Bolsonaro, son fils cadet.
Sa défense souhaite qu’il retourne en résidence surveillée.
Évolution du dossier et répercussions sur la droite brésilienne
Cinq de ses anciens collaborateurs, parmi lesquels plusieurs généraux et ex-ministres, ont commencé mardi à purger leurs peines de 19 à 26 ans de prison. L’ex-chef des renseignements, Alexandre Ramagem, condamné à 16 ans de prison, a été déclaré «fugitif» après avoir récemment fui les États-Unis. Jair Bolsonaro est le quatrième ancien président brésilien à se retrouver incarcéré depuis la fin de la dictature militaire (1964-1985). Le cas le plus récent est Fernando Collor (1990-1992). En mai, la Cour suprême l’a autorisé à purger à domicile sa peine de plus de huit ans de réclusion pour corruption; pour raisons de santé Lula est resté 580 jours incarcéré en 2018-2019. En 2021, ses condamnations ont été annulées pour vice de forme. La chute du leader incontesté du camp conservateur laisse les siens sans champion désigné pour la présidentielle de 2026 face à Lula, qui à 80 ans a déjà dit qu’il briguerait un quatrième mandat.

Source : AFP.
La purge de l’ancien président laisse un vide dans la droite brésilienne alors que Lula, à 80 ans, se prépare à briguer un quatrième mandat et que les dynamiques internes au camp conservateur restent incertaines.
Réactions et contexte international
Aux États-Unis, le président Donald Trump a dénoncé une «chasse aux sorcières» contre Bolsonaro et a évoqué une surtaxe punitive envers le Brésil, qu’il a ensuite allégée après une rencontre avec Lula en octobre.
Dans le paysage brésilien, Lula, qui assume son rôle de pilier du camp progressiste, a répété sa volonté de défendre les institutions face à ce que ses partisans décrivent comme des dérives autoritaires, tandis que les partisans de Bolsonaro cherchent encore leur leadership pour 2026.